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jeudi 3 mai 2012

Pourquoi les noms des pays africains ont-ils tant changé?

En Afrique, les appellations des différents pays ont justement évolué et changé au cours de l’histoire, souvent au mépris de l’identité des peuples. 


«Dis-moi ton nom et je te dirai qui tu es»: l’adage retransmet particulièrement bien l’importance accordée à l’appellation, à la signification du nom en général dans les cultures africaines, qui traditionnellement raconte une histoire, celle d’un lieu, d’une ethnie, d’un élément naturel caractéristique. 


Mais il n’y a qu’à regarder la carte de l’Afrique pour faire un constat simple: nombreux sont les pays à avoir des noms européanisés, dont l’appellation a changé avec le temps. Et ces frontières tracées à la règle n’y sont pas étrangères. 

Commençons par nous pencher sur le premier nom d’entre tous: Afrique. Le nom du troisième continent le plus vaste au monde (30 millions de km2, environ trois fois l’Europe), d’où vient-il? 

Des thèses aussi diverses que contradictoires abondent à ce sujet, mais d’après la plupart d’entre elles, ce nom proviendrait d’une tribu berbère qui vivait aux alentours de Carthage (Tunisie), les «Beni Afri», qui eux-mêmes appelaient leur terre «Thaferka» (la Terre) et vouaient un culte à la déesse «Ifri» (celle de la grotte). Leur nom a inspiré les Carthaginois, puis les Romains qui appelaient la région «Africa Terra» pendant l’Antiquité. Les Arabes auraient ensuite transformé ce même terme en «Ifriquiya», repris lui-même par les Européens qui auraient conservé le terme «Africa», donc Afrique. 

En conséquence, l’étymologie même du nom du continent ne serait pas exclusivement panafricaine, mais prendrait certaines de ses racines dans le terreau des conquêtes occidentales. 

Dans un texte intitulé Ethnonymie et toponymie africaines: réflexions pour une décolonisation, Olabiyi B. Yai, professeur de linguistique à l’université d’Ibadan (Nigeria), revenait sur ce paradoxe: «Le nom même du continent, Afrique, qu'aucun Africain ne songe aujourd'hui à changer, est précisément donné par la grâce de puissances non africaines. On mesure ici la gravité de la situation: l’Afrique ne s'appelle pas encore, ou ne s'appelle plus.» 

Les différentes influences de la toponymie africaine 
La partition du continent africain se décline aujourd’hui en 54 états souverains, avec comme dernier-né la république du Soudan du Sud, dont l’indépendance fût proclamée le 9 juillet 2011. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. 

Remontons à la période précoloniale, avec Céline Thiriot, maître de conférences en science politique à Les Afriques dans le monde (Union mixte de recherche entre le CNRS et SciencesPo Bordeaux). 

«On estime que 80 % des sociétés africaines précoloniales étaient des sociétés sans Etat. Les quelques exemples d’Etats précoloniaux ne correspondent pas du tout aux frontières des Etats crées par la colonisation, et qui ont ensuite accédé à l’indépendance.» 

Durant l’ère précoloniale —dont il est difficile de déterminer l’histoire avec exactitude étant donné le manque de traces écrites ou de recherches à ce sujet— nous pouvons citer quelques grands royaumes. L’empire Ashanti par exemple, qui au cours des XVIIIe et XIXe siècles se situait dans l’actuel sud du Ghana. 

Le royaume du Dahomey, avec pour capitale Abomey, occuperait aujourd’hui le sud du Bénin. Le royaume du Ghana, qui se trouvait dans le sud-ouest de la Mauritanie actuelle, avait à son apogée vers le Ve siècle étendu son influence jusque dans le sud-ouest du Mali et le nord du Sénégal. 

Ces exemples montrent à quel point la cartographie du continent a été bouleversée avec l’arrivée des colons, modifiant ainsi les noms des empires, royaumes, et régions traditionnelles. 

Pierre Alexandre, anthropologue, linguiste et politicologue, expliquait ainsi dans son écrit Quelques problèmes d’onomastique africaine les différents types de noms rencontrés actuellement sur le continent noir:  

«Il y a des noms purement africains dont quelques-uns désignent des Etats modernes correspondant exactement, ou presque, à des entités nationales précoloniales: par exemple le Lesotho, le Rwanda, le Burundi(...) A l’inverse, certaines Etats portent des noms purement européens, comme la Côte d’Ivoire.» 

«Le cas le plus fréquent est celui des noms africaines européanisés, ou des noms européens africanisés: Soudan, anglicisation d'une partie de l'expression arabe Bilad as-Sudan, "pays des Noirs"; Sénégal, sans doute francisation du berbère Sanhaja.» 

L’ère postcoloniale 
La plupart des changements de nom des pays africains se sont donc opérés pendant l’ère coloniale, où les noms des colonies ont supplanté les anciens Etats. Même si les lendemains de l’indépendance ont vu l’émergence de nouvelles appellations étatiques, beaucoup de pays n’en ont rien fait. Les modifications frontalières, les mouvements migratoires, avaient brouillé les cartes des anciens Etats depuis bien longtemps.  

D’après Michel Cahen, historien, chercheur à Les Afriques dans le monde: 

«Les pays actuels ont de toute manière les noms donnés à l’aire de l’ancienne colonie, et non pas aux aires des Etats africains antérieurs. Il n’y a donc pas de "pays africains" (précoloniaux) qui ont "récupéré leurs anciens noms", mais il y a des pays postcoloniaux qui ont utilisé des noms anciens antérieurs et parfois de manière complètement aberrante.» 

Et pour égrener ce dernier propos, il nous précise quelques exemples: l’actuel Ghana (rebaptisé ainsi en 1957 au lieu du Gold Coast britannique, la Côte de l’Or) a adopté le nom de l’ancien empire du Ghana «dont le site historique est en réalité en Mauritanie». Il poursuit: 

«La Namibie s’appelle ainsi alors que Namibie est une ville (et un désert) située en Angola». 

Des troubles politiques ayant eu lieu quelques années après l’accès à l’indépendance et de certains conflits internes ou interétatiques —exemple de la scission entre le nord et le sud du Soudan— émergeront de nouveaux toponymes. 

Céline Thiriot précise: 

«Dans la période postcoloniale, lors des "révolutions", en 1972 Mathieu Kérékou prend le pouvoir par un coup d’Etat au Dahomey et renomme le pays Bénin en référence à un royaume précolonial, dont le tracé historique ne correspond pourtant pas au Bénin actuel. En 1983, idem en Haute-Volta, où Thomas Sankara rebaptise quant à lui le pays en 1984 Burkina Faso (qui signifie "pays des hommes intègres").» 

De même que pour l’ancien Congo belge, «devenu Zaïre du temps de la politique d’authenticité de Mobutu, qui est redevenu la République démocratique du Congo après sa chute en 1999». 

Problème ethnique et culturel 
Changer de nom comme de chemise? Dans certains cas de pays africains, il n’y a pas de quoi s’en réjouir, car de tels bouleversements ont bien évidemment des incidences sur les populations, et sont souvent synonymes d’instabilités ou de conflits politiques. 

La toponymie est justement le reflet des traumatismes que peut subir une population dans les changements politiques qu’on lui impose. 

En l’espèce, Michel Cahen reprend l’exemple du Mozambique: 

«Ce ne sont pas les "noms" qui posent problème aux peuples, mais les structures politiques qui s’expriment par ces noms. Ainsi, au Mozambique, le Frelimo (Front de libération du Mozambique) a gardé toute la structure coloniale des provinces et districts, formés par le colonisateur sans aucun respect pour les sociétés locales. Les districts ne sont donc pas des aires locales auprès de l’Etat central, mais de simples subdivisions de l’Etat central pour contrôler les populations locales(…) Par exemple, couper les ethnicités ndau, manica, sana, au centre du Mozambique, globalement disposées ouest-est, en deux régions nord-sud, est une aberration et dénote une volonté anti-ethnique explicite.» 

Les noms, gardiens d’un passé parfois douloureux, peuvent se référer dans leur évolution à une ancienne domination, à un régime politique autoritaire qui a voulu effacer le passé par l’éradication de termes historiques et culturels. 

Dans le cas de l’Afrique, ces changements sont riches en complexité mais gardent globalement le souvenir cuisant de l’époque coloniale, malgré un effort pour rebaptiser des lieux en fonction de cultures locales plus anciennes. 

Malgré tout, le nom demeure indissociable de la souveraineté d’un pays : imaginez si la France portait actuellement un nom donné par les Allemands pendant l’occupation… Comme le soulignait si bien Olabiyi B. Yai dans un écrit cité plus haut: 

«On nous appelle, on nous nomme, de même que l'on nomme un enfant qui, de par son état, ne peut avoir un mot à dire dans le choix de son propre nom. C'est dans cette perspective qu'il convient de situer le problème des ethnonymes et toponymes en Afrique.» 
Anaïs Toro-Engel

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