05/06/2012
L’implacable complicité rwandaise dans la déstabilisation de l’Est de la RDC dont personne ne s’est jamais doutée est maintenant dénoncée sans détours par des structures aussi sérieuses que Human Rights Watch et la mission onusienne Monusco au point que l’opinion s’attend à ce que cette fois soit la bonne pour que la communauté internationale en tire des décisives conclusions
Des militaires rwandais dans les rangs des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). C’est l’information révélée fin mai par les services des Nations unies, soit quelques jours après la signature le 19 mai 2012 en terre rwandaise d’un protocole d’accord entre Kinshasa et Kigali. Curieusement, le protocole a porté, entre autres, sur une action commune entre les deux Flats en vue de sécuriser la frontière commune.
Sans surprise, le Rwanda a digéré très mal les révélations de l’Ong. Il a, à cet effet, réagi vigoureusement aux accusations « irresponsables », de l’Onu, soulignant que cette action ne visait juste qu’à ternir les rapports de bon voisinage qui le lient à la RDC. « Chassez le nature, il revient au galop », dit un vieil adage. Le Rwanda a beau chercher à se dédouaner, mais il a été vite rattrapé par la réalité des faits. Un rapport rendu lundi par Human Rights Watch (HRW) vient de le charger davantage par rapport à ce qui se passe dans la partie Est de la RDC.
Plus que l’Onu, HRW est formel. Il s’appuie, à ce propos, sur des témoignages vérifiables et vérifiés recueillis auprès des éléments qui combattaient dans les rangs du M23. Pas de doute possible sur leur identité, confirme HRW. Sur ce point précis, HRW ne bronche pas. « Des membres de l’armée rwandaise ont recruté 300 combattants pour le compte du général Bosco Ntaganda, chef d’un mouvement rebelle actif dans l’Est de la République démocratique du Congo », rapporte Human Rights Watch. Son responsable des recherches sur l’Afrique, Anneke Van Woudenberg, n’est pas allée par le dos de la cuillère lorsqu’il s’est agi de décharger sur le Rwanda. « Le Rwanda doit cesser immédiatement de soutenir Ntaganda et contribuer à son arrestation », a-t-elle déclaré.
Pendant qu’ailleurs les langues se délient pour dénoncer la mainmise du Rwanda sur le drame de l’Est de la RDC, à Kinshasa on préfère encore garder silence- en attendant les conclusions d’une hypothétique enquête menée curieusement avec le Rwanda. Quelle inconscience? Quel intérêt la RDC a-t-elle à associer le Rwanda dans une démarche censée le démasquer? Y a-t-il à Kinshasa une volonté délibérée de disculper le Rwanda malgré tous les griefs mis à sa charge ? Des questions qui valent réponse de la part de l’Exécutif de Kinshasa.
Dans l’état actuel de choses, Kinshasa est dans l’obligation de sortir de son mutisme. Par respect envers son peuple, victime de la barbarie rwandaise, Kinshasa a le devoir de dire la vérité. Il n’est plus question de s’agripper sur une probable enquête qui n’a pour seule visée que cacher les crimes les plus odieux que continue à connaître l’armée rwandaise sur le sol congolaise.
Le langage diplomatique, fait des circonlocutions parfois incomprébensibles du grand public, n’est plus de mise, surtout que la culpabilité du Rwanda est clairement établi, autant par l’Onu que HRW. L’heure est arrivée pour agir et non pour se victimiser davantage au nom d’une coopération déséquilibrée qui, depuis le génocide rwandais de 1994, n’a été que facteur de déstabilisation de la partie Est de la RDC.
Le Potentiel
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