09/07/2012
Le cinéaste belge Thierry Michel a été expulsé dimanche soir de la République démocratique du Congo (RDC) à son arrivée à l'aéroport de Kinshasa, où il comptait présenter son film "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat? " consacré à l'assassinat d'un célèbre militant congolais des droits de l'Homme.
"J'ai été refoulé bien que disposant d'un statut de résident permanent" en RDC après plus de vingt années de présence dans le pays et de nombreux films internationalement diffusés et primés, a-t-il expliqué à son retour à Bruxelles.
Il a précisé dans un communiqué avoir été emmené par des agents de l'immigration dans les bureaux à l'aéroport de Kinshasa-N'Djili, après avoir reçu son visa d'entrée et alors qu'il attendait ses bagages à l'aéroport. Son passeport a été confisqué. Ces agents avaient annoncé au protocole de l'ambassade de Belgique que Thierry Michel allait être reçu au bureau du directeur de l'immigration, mais le cinéaste a été emmené de force vers la passerelle de l'avion de Bruxelles Airlines en partance pour Bruxelles, tout en lui interdisant de communiquer et de téléphoner sur le territoire congolais.
Le réalisateur avait obtenu un statut de résident, qui a été annulé de manière illégale, selon lui.
Le prétexte invoqué sur le "procès verbal de refoulement" est: "défaut de visa Sortie-Retour", ce qui est totalement faux, car Thierry Michel possédait un visa d'établissement spécial (Résident) en bonne et due forme qui expirait le 10 février 2013 et précisait que "son détenteur est dispensé de visa de sortie et retour".
"C'est donc bien une décision politique qui ne respecte pas les règles consulaires en matière de visa", a-t-il dénoncé dans son communiqué.
Le réalisateur comptait projeter son film jeudi et vendredi à Kinshasa en présence notamment de la députée européenne Véronique De Keyser (PS), à l'invitation de plusieurs organisations internationales (FIDH, Carter Center, Osisa, ...) et du collectif des ONG Droits de l'Homme congolaises.
D'autres projections privées prévues ce lundi au Centre Wallonie Bruxelles (CWB) pour les partenaires et quelques invités (dont des ambassadeurs) et les 10 et 11 juillet au centre culturel français avaient été "reportées à une date ultérieure après vision du film par les autorités" congolaises.
En avril, l'ex-ministre congolais de la Justice, Emmanuel Luzolo Bambi, avait demandé à la commission nationale de la censure l'interdiction en RDC du film du cinéaste belge retraçant le procès des assassins - tous des policiers - du célèbre militant congolais des droits de l'Homme Floribert Chebeya Bahizire, aussi impliqués dans la disparition de son chauffeur, Fidèle Bazana Ebadi, le 1er juin 2010.
M. Chebeya avait disparu le 1er juin 2010 alors qu'il s'était rendu avec son chauffeur à l'inspection générale de la police pour un rendez-vous avec le chef de la Police nationale congolaise (PNC), le général John Numbi, qui n'aurait jamais eu lieu. Son corps a été retrouvé le lendemain. M. Bazana est toujours porté disparu.
Le procès en appel des huit policiers, dont trois sont en fuite, s'est ouvert le 19 juin et doit reprendre le 17 juillet devant la haute Cour militaire de Kinshasa.
Le film "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat? " est sorti en salles en France et en Belgique. Il a été sélectionné et primé par de nombreux festivals dans le monde. Le film a été présenté aux Nations Unies en présence de la veuve Chebeya à Genève lors de la session annuelle consacrée au Droits de l'Homme, et le 4 juillet dernier au Parlement européen à Strasbourg ainsi qu'au Parlement britannique.
Belga
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