04/08/2012
Le Congolais Pierre-Jacques Chalupa.
Le Tribunal de paix de la commune kinoise de Ngaliema statue actuellement sur une affaire judiciaire pour le moins surréaliste. Au banc des accusés, on trouve un opérateur politique congolais assez atypique. Et pour cause ? Il s’appelle Pierre-Jacques Chalupa. Il a la peau blanche. Un mundelé. «Un muzungu», diront les swahiliphones. Né de père grec et de mère portugaise -, Chalupa a vu le jour en 1948, à Uvira, dans la province du Sud Kivu. Il n’a jamais vécu nulle part ailleurs qu’au Congo-Zaïre et papote à merveille dans les principales langues nationales. Arrêté le 31 janvier dernier, «Papa Chalupa», comme l’appellent certains kinois, est poursuivi du chef d’«usurpation de la nationalité congolaise». Interdiction de rire. Le tout-
Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien, il semble bien que le représentant du ministère public qui est manifestement en mission commandée peine à articuler des preuves attestant que les documents détenus par Chalupa était faux. A savoir notamment un passeport congolais et une carte d’électeur. «Actoris incumbit probatio», lance mon ami en latin. Voyant mon trouble, l’ami de traduire : «La charge de la preuve incombe à celui qui affirme et non pas à celui qui nie».
Polémiste, mon ami ne va pas par quatre chemins en suspectant le «raïs», alias le «garant de la nation», alias le commandant suprême des FARDC, des mutins du CNDP-M23 et de la police nationale d’être derrière cette parodie de procès. «Depuis le hold-up électoral du 28 novembre 2011, dit-il, l’usurpateur du poste de président de la République très très démocratique du Congo ne rêve qu’à faire le vide autour Tatu Etienne».
Mon ami qui sait décidément tout, suspecte les «faux juristes» qui oeuvrent dans les «services» de conseiller «la haute hiérarchie», alias «autorité immorale» de la Majorité présidentielle, l’expulsion de Chalupa. L’ami de rappeler l’article 9 de la loi n°06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des élections telle que modifiée par la loi n°11/003 du 25 juin 2011 qui énonce notamment que «nul n’est éligible» s’il n’est «de nationalité congolaise». Une manière de dire que le président de la Commission électorale nationale indépendante devarit être appelé à la barre. L’ami de relever par ailleurs l’article 15 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui édicte que «tout individu a droit à une nationalité» et «Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité».
Comme piqué par une mouche, mon ami, réputé placide, de tonner : «Qui connaît le lieu de naissance du «raïs» ? Hewa Bora II ? Allons donc! Cette localité se trouve dans quelle partie du Congo-Zaïre ? Le « raïs » ne devrait-il pas être poursuivi devant les juridictions du pays pour faux et usage de faux dans la constitution de son dossier de candidat à l’élection présidentielle ?». Il poursuit :
«N’a-t-il pas été proclamé mulubakat à 100% par la seule volonté du Grand chef Kasongo Nyembo ? Quel est l’acte officiel qui lui a conféré la nationalité congolaise ? Que dire de son bras droit Issac Didier Kazadi Nyembwe dit «Didi» qui est né de père et de mère de nationalité burundaise? En vertu de quel titre peut-il se dire Congolais ? Détient-il une preuve de sa naturalisation ?». Au moment où je lui tends la main pour prendre congé, il revient à la charge : «Le raïs» s’est trompé en contestant la nationalité congolaise de Chalupa alors que sa sœur Jaynet et son frère Zoé n’ont été connus du grand public que respectivement en janvier 2001 et en 2006. Au nom de quel seraient-ils plus Congolais que Chalupa qui est certes de parents européens mais né au Congo? Cette situation suspecte a-t-elle empêché le raïs a trôné à la tête de l’Etat et à Jaynet et Zoé de de siéger à l’Assemblée nationale comme députés?»
Mon ami de conclure enfin : "Le raïs n’a-t-il pas fait le service militaire dans l’armée tanzanienne? Etait-ce en tant que citoyen congolais? "Didi", alias Kazadi Nyembwe, n’a-t-il pas été chassé de l’armée burundaise? Les deux n’ont-ils jamais entendu parler du premier alinéa de l’article 10 de la Constitution du Congo-Kinshasa qui stipule que "la nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec aucune autre"?
Issa Djema
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