«Joseph Kabila» veut «son» Sommet de la Francophonie

Congo Indépendant 
05/10/2012

Le PPRD Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale

Le Congo démocratique vit une situation surréaliste. Officiellement «en guerre» dans sa partie orientale et plus particulièrement dans la province du Nord-Kivu, le pays ne vit plus en ce mois d’octobre que pour le Sommet de la Francophonie prévu du 12 au 14 octobre prochain. 

Pendant que le «Mouvement du 23 mars» continue à étendre son emprise sur les districts, territoires et localités du Nord Kivu, à Kinshasa les gouvernants brillent par leur insouciance. Ils ont l’esprit ailleurs. Toute l’attention tourne autour de deux mots : "les préparatifs". Les préoccupations des dirigeants congolais sont focalisées sur l’accueil des délégations devant participer au Sommet de la Francophonie. 

Isolé au plan diplomatique et affaibli au plan de la politique intérieure - depuis son hold-up électoral du 28 novembre dernier -, «Joseph Kabila» espère faire son «come back» politico-diplomatique par le biais de ce forum des pays ayant en partage l’usage de la langue française. La présence du chef d’Etat français à cette manifestation est attendue par les zélateurs du kabilisme à l’image de l’entrée de Jésus-Christ à Jérusalem. 

Avant de confirmer sa venue à Kinshasa, le président François Hollande avait posé quelques «conditions» touchant à des «réformes» à réaliser au niveau notamment de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), un organisme décrié par la terre entière suite aux tripatouillages des résultats des élections du 28 novembre 2011. Le successeur de Nicolas Sarkozy avait exigé également aux gouvernants congolais de faire un «geste» en matière des droits et libertés. 

«Joseph Kabila» qui tient à «son» Sommet de la Francophonie a instruit le gouvernement et le Parlement à couler en textes de loi les réformes exigées par les partenaires extérieures en général et la France en particulier. Un projet de loi organique instituant une Commission nationale de droits de l’Homme au Congo est en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Kabiliste pur et dur, Aubin Minaku presse les commissions ad hoc à finaliser ce document. Un délai de 48 heures a été donné à la plénière pour déposer les amendements et 24 heures à la Commission Politique, administrative et judiciaire pour l’harmonisation des textes. Ce n’est pas tout. Les députés nationaux statuent actuellement sur un projet de loi portant modification de la Ceni. 

Peuple de culture orale, les Bantous considèrent que ce qui est dit est fait! Les kabilistes pensent ainsi qu’il suffit de créer une Commission nationale des droits de l’Homme pour que les forces dites de sécurité deviennent, comme par enchantement, plus respectueuses de la vie et de la dignité de la personne humaine. De même, il suffit d’intégrer des membres de la société civile dans le bureau de la Céni ou de couper quelques têtes dans cet organisme hautement politisé pour que son fonctionnement devienne plus impartial et transparent. Erreur. Car c’est toute une "révolution culturelle" que les Congolais attendent dans le chef de leurs dirigeants. Une révolution culturelle porteuse d’un ordre politique nouveau. Un ordre politique qui place l’intérêt général au commencement et à la fin de tout. Et non les intérêts mafieux d’une oligarchie. Les textes en préparation à l’Assemblée nationale ne sont que des réformes comestiques destinées à la consommation extérieure. 

Pour assurer sa survie politique, "Joseph Kabila" est prêt s’aplatir. Il est prêt à sacrifier la sécurité nationale pour préserver son fauteuil. On l’a vu avec les opérations "Umoja Wetu" et "Kimia". 

L’homme prépare un écran de fumée pour éblouir les 73 délégations attendues dans la capitale congolaise. En levée de rideau, un «méga-concert» est prévu le 10 octobre au Stade des Martyrs pour mettre les différents délégués "dans l’ambiance". 

Pendant que les Kinois et les délégations étrangères vont se trémousser sur le rythme endiablé de Wenge Musica, Kofi Olomide et autres Fally Ipupa, plusieurs dizaines des milliers de Nord Kivutiens sont abandonnés à leur triste sort. Ils continuent à errer sous les intempéries. Vive le «raïs» ! Vive l’Etat-PPRD ! 

Baudouin Amba Wetshi