06/12/2012
De Max DELANY (AFP)
Des manifestants congolais protestent contre le gouvernement et les Nations unies qu'ils accusent d'inaction, le 6 décembre 2012 à Goma (AFP, Phil Moore) |
KAMPALA — Le gouvernement de la République démocratique du Congo et le mouvement rebelle du M23 vont entamer vendredi de difficiles discussions à Kampala pour mettre fin au conflit dans l'Est de la RDC, qui sera également au coeur d'un sommet des pays d'Afrique australe convoqué le même jour.
Les rebelles ont lancé depuis huit mois une offensive qui leur a permis de conquérir le 20 novembre dernier Goma, la principale ville de la province du Nord Kivu aux immenses richesses minières, suscitant la crainte d'un nouveau conflit généralisé dans le pays.
Le M23 a finalement accepté de se retirer de Goma en contrepartie de négociations avec le régime du président congolais Joseph Kabila. Il a quitté Goma le 1er décembre.
M. Kabila a choisi d'assister vendredi à un sommet de la SADC, dont son pays est membre, aux côtés notamment du président sud-africain Jacob Zuma, plutôt que de participer aux discussions de Kampala comme l'y appelaient les rebelles.
"Oui, il (M. Kabila) ira" au sommet extraordinaire organisé à Dar es Salaam, la capitale économique de Tanzanie, a indiqué jeudi à l'AFP le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende.
La RDC accuse, comme l'ONU, ses voisins du Rwanda et de l'Ouganda de soutenir les rebelles sur son territoire. Kinshasa avait en revanche pu s'appuyer sur l'Angola et le Zimbabwe, deux pays membres de la SADC, pendant la dernière guerre régionale (1998-2003) sur le sol congolais, face à des rébellions alors soutenues par l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi.
Depuis le début de la nouvelle crise congolaise, la SADC est restée discrète, même si ses dirigeants avaient accusé en août dernier le Rwanda de soutenir les mutins. Kigali comme Kampala démentent ces accusations.
Discussions "préliminaires"
Les discussions qui vont s'ouvrir à Kampala, entre gouvernement et rebelles, seront à ce stade "préliminaires", a souligné le porte-parole du gouvernement ougandais, Fred Opolot, qui en a annoncé la tenue jeudi.
"Le point clé de l'ordre du jour est d'abord les règles de base et le cadre de travail des réunions à venir, puis des règles quant aux observateurs et quant à la composition" de leur délégation, a-t-il précisé.
Le gouvernement ougandais sert de médiateur aux négociations, au nom de l'organisation régionale de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), et en dépit des accusations de soutien aux rebelles formulées à son encontre, notamment par un dernier rapport d''experts de l'ONU.
Côté gouvernement congolais, six députés et cinq sénateurs proches du pouvoir sont partis dès mercredi pour Kampala avec à leur tête le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, et un vice-président de l'Assemblée nationale, Mwando Simba.
Côté rebelles, le chef politique du M23, Jean-Marie Runiga, a confirmé jeudi après-midi à l'AFP qu'il était sur le point de partir pour Kampala à la tête d'une délégation de 25 personnes.
Ce dont les deux parties discuteront sur le fond demeure une des principales inconnues.
Le M23 est constitué d'anciens rebelles Tutsi congolais qui, après avoir accepté d'intégrer en mars 2009 les forces armées régulières congolaises (FARDC), se sont mutinés en avril dernier.
Les mutins réclamaient à l'origine le respect des accords conclus en 2009 quant à leur intégration dans l'armée, mais leurs revendications ont pris un tour de plus en plus politique au fil de leurs victoires militaires, jusqu'à remettre en cause la légitimité de Joseph Kabila comme président.
"Ce qui n'est pas clair, c'est l'agenda de ces négociations car le M23 semble avoir un agenda très extensible," relevait mercredi Thierry Vircoulon, de l'International Crisis Group (ICG), interrogé par l'AFP.
Signe de tensions toujours très vives, les rebelles, qui doivent se replier sur des positions à 20 km au nord de Goma, selon la médiation de la CIRGL, étaient toujours aux portes de la ville jeudi, a constaté l'AFP.
Les combats des dernières semaines ont contraint 130.000 personnes supplémentaires à fuir leur domicile, selon l'ONU.
Plus de 760.000 personnes ont été déplacées depuis le début de cette année dans les deux seules provinces des Kivus, estimait pour sa part l'organisation non gouvernementale Oxfam fin novembre.
"Soldats des forces régulières, rebelles armés, policiers et autorités civiles se font concurrence pour exploiter les habitants et leur extorquer de l'argent et des biens", dénonçait alors Oxfam.
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