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lundi 22 avril 2013

La "démocrature" de Moïse Katumbi - Le gouverneur du Katanga vu par Thierry Michel

Lu sur L'Echo 
du 13/04/2013
Interview de Thierry Michel par Marie Bosquet

Homme d'affaires, homme politique et président d'un célèbre club de football, Moïse Katumbi surfe avec le populisme. Il veut changer le Katanga, mais est-il un "bâtisseur" ou un "prédateur" ?

C'est dans une brasserie située près du quartier Matonge, à Bruxelles, que nous retrouvons Thierry Michel pour discuter de son dernier film. Le réalisateur de "Mobutu, roi du Zaïre" (1999) tire cette fois le portrait de Moïse Katumbi, le puissant gouverneur du Katanga, riche province congolaise. Si on avait déjà pu observer le personnage il y a quatre ans dans "Katanga Business", "l'irrésistible ascension de Moïse Katumbi" retrace l'histoire politique de cet homme d'affaires, depuis son arrivée au gouvernorat en 2007.


Parti de rien, Moïse Katumbi a réussi à bâtir un véritable empire. Le riche businessman décide alors de se lancer en politique, raflant un record de voix de préférence dans la province du Katanga. Dans le documentaire, on le voit secouer les douaniers laxistes et amorcer la rénovation des routes, générant une grande vague d'enthousiasme auprès de la population. Directeur du club de foot "Mazembe", il met en place une culture du don en offrant ci et là machines et autobus. Entre populisme, soupçons de conflit d'intérêt et d'abus de pouvoir, des voix s'élèvent pour appeler à la prudence.



Moïse Katumbi est un personnage aux multiples facettes. Hommes d'affaires, puis homme politique, il veut changer les choses, mais voit sa gestion critiquée...

Thierry Michel : j'ai essayé de faire une introspection du pouvoir politique. Dans mon film sur l'Iran, c'était une dictature religieuse; en Russie, une dictature idéologique et communiste. Ici ce n'est pas une dictature, c'est peut - être une" démocrature", mais c'est un pouvoir sorti des urnes et d'une popularité. On a eu des exemples en Europe avec Bernard Tapie, Silvio Berluscni : des hommes d'affaires qui passent à la politique, dans certains cas en contrôlant les médias. La popularité de Moïse Katumbi tient aussi à sa gestion d'un club de foot. J'essaie d'aborder la complexité de la situation, de cette nouvelle mouvance politique.

Pourquoi Moïse Katumbi a-t-il retenu votre attention ?
C'est un homme de la rupture au Congo. Jusque là les hommes politique arrivaient pour vider les caisses. Lui arrive déjà riche. Les congolais le disent : ils ont voté pour lui parce qu'il était riche. Le personnage est aussi intéressant en termes cinématographiques. Il faut prendre des personnages qui ont une aura, un charisme, voire une force de séduction. Il a aussi une histoire : son grand-père a fui le nazisme, son père est juif commerçant... C'est l'irrésistible ascension d'une success story. L'objectif est donc d'analyser cette belle histoire et d'en dégager les failles. Personne n'est ni ange ni démon. Quel rapport instaure-t-il avec la population ? On a un homme issu d'une jeune démocratie, qui fait danser et chanter son peuple. Il a cette capacité d'instaurer un  intimisme avec la population.

Pourquoi la population l'aime-t-elle autant ?
Parce qu'il sait lui parler, il sait faire des promesses et il a cette générosité du don. Ca pose évidemment la question  de la différence entre le don et le développement. C'est lui qui le dit : "Je peux comprendre le peuple" ... c'est une forme de corruption. Quand il y a un don, il y a une dette.
Il est arrivé avec une forme de modernité qui n'était pas la tradition. Contrairement à ses prédécesseurs, il a quand même réussi à instaurer des recettes fiscales plus importantes. Une reconstruction de la ville et de la province, avec des travaux routiers, des infrastructures dans la ville ... C'est un bâtisseur. Indéniablement, il a créé une dynamique.
L'histoire nous dira si c'est un bâtisseur et un prédateur. Est-ce qu'il a tenu ses promesses ? Lui-même dit qu'il ne les a pas tenues, qu'il n'en a tenu que pour 10%. Toutes les questions sont posées dans le film, moi je n'ai pas les réponses. Je ne vais me substituer ni aux activistes, ni aux témoins de l'histoire qui donnent leur point de vue. Le cinéma ouvre des questions et pousse le spectateur à faire un travail d'analyse et de décryptage.

Votre regard a-t-il changé en cours de route ?
Oui, en effet. J'ai peut-être été un peu envoûté dans un premier temps par son charisme et aussi sa forme de simplicité, les promesses qu'il tenait. J'ai été très enthousiaste. Et puis  un jour, j'ai vu quelqu'un de la même mouvance politique que lui critiquer sa gestion. Quand j'ai vu comment il réagissait et avec quelle violence ses partisans répondent ... ça fait réfléchir.

Le voyez-vous président de la RDC ?
Vu sa popularité, pourquoi pas ? Qui aurait cru que Kabila serait président ? De toute façon, Joseph Kabila est dans son deuxième mandat. Il n'a pas droit à un toisième. Qui va lui succéder ? Un opposant ou quelqu'un de la majorité présidentielle ... N'oublions pas qu'on est dans un pays divisé de manière ethnique. Ce sont les Katangais qui sont au pouvoir, est-ce qu'ils ont envie de laisser une autre ethnie prendre les devants ? Si non, il faut trouver un autre Katangais. Qui est le Katangais qui peut succéder à Joseph Kabila ? Il n'y en a pas deux. Maintenant, est-ce que Moïse Katumbi est candidat ? Il dit que non ...

Dans le film, il dit aussi qu'il veut se retirer de la politique ...
En effet, j'ai décrypté cette stratégie-là. Je pense qu'il ne veut pas indisposer l'actuel président. Dire qu'il sera l'éventuel successeur du président pourrait être très mal perçu. En Afrique, on dit toujours que sous la peau d'un léopard, il ne peut y avoir quatre pieds. Dans un village, il n'y a pas le chef du village et un opposant; il y a le chef du village. Donc je pense que s'il est candidat, il le dira en son temps.
Moïse Katumbi a fait la couverture du magazine "Jeune Afrique", dans lequel il dit : "Je ne suis pas un obsédé de la politique". Qu'est ce que cela veut dire ? Qu'il sera candidat ou qu'il ne sera pas candidat ? Mais le fait qu'il soit en première page, c'est quand même fabuleux ! Il y a une campagne d'affichage à Bruxelles ... C'est pour faire la publicité d'un homme d'affaires ? J'en doute ... Un homme d'affaires n'a pas besoin d'être sur les kiosques de la capitale européenne ! Un candidat politique, oui.

Le film sera-t-il autorisé au Congo, selon vous ?
Je n'en sais rien , je l'espère ... En tout cas, moi, je ne serai pas autorisé à aller le présenter. Je suis toujours interdit de territoire et ça ne risque pas de s'arranger.

"L'irrésistible ascension de Moïse Katumbi" sort aux Beaux-Arts ce lundi et sera à l'affiche du cinéma Vendôme à partir du 24 avril 2013.


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