19/08/2013
Attendu à Brazzaville le samedi 17 août 2013, Etienne Tshisekedi a encore fait faux bond. C'est la deuxième fois en 4 ans qu'il esquive une rencontre avec le Président Denis Sassou Nguesso.
Si l'indisponibilité était liée à un problème de santé, à un deuil ou à un empêchement par les forces de l'ordre, l'Udps l'aurait déclaré. On peut supposer que la participation de Sassou au sommet de la Sadc - organisation sous-régionale ayant reconnu en Joseph Kabila le Président de la RDC et la désignation de Léon Kengo en qualité de co-président des Concertations nationales dont deux raisons suffisantes pour dissuader Tshisekedi de faire le déplacement de Brazzaville.
Sur ces entrefaites, en périple euro-africain, Vital Kamerhe préconise, selon le secrétaire général de l'Unc Bertrand Ewanga, une solution africaine à un problème africain. D'où la sollicitation de la « médiation Denis Sassou N'Guesso » ! Exit donc Mary Robinson, exit Martin Klober ! Ainsi, l'Unc viole la Résolution 2098...
Rendue célèbre par la chanteuse Mpongo Love, la légende « Kapwepwe » décrit l'obstination d'un mari ayant décidé de faire le mort pour ne pas partager avec des amis arrivés chez lui à l'improviste l'os que son épouse cuisinait pour lui.
Alors que l'épouse, connaissant le secret du faux « suicide », le suppliait de se ressaisir puisque ses funérailles étaient en préparation, Kapwepwe se résolut d'être enseveli plutôt que de « mourir de honte » en revenant à la vie. Finalement, il fut enterré !
La légende s'applique bien à l'Opposition « radicale », au regard de son intransigeance dans le boycott des Concertations nationales pendant qu'une bonne partie de ses revendications sont pourtant prises en compte par le présidium.
Elle s'accroche désespérément à la position d'un Etienne Tshisekedi qui s'est déjà déclaré non concerné par ces assises; l'homme se cramponnant à son titre de Président de la République.
Le lider maximo a, du reste, persisté et signé. Samedi dernier, attendu à Brazzaville par le Président Denis Sassou N'Guesso certainement pour parler « CN », il n'a pas traversé le fleuve. Albert Moleka n'a pas voulu en dire plus sur Rfi le dimanche 17 août 2013, se contenant de déclarer qu'une indisponibilité sérieuse a perturbé son programme. Joseph Kapita - qui semble être la voix autorisée du lider maximo - a fixé l'opinion au sujet du séjour brazzavillois : parler coopération bilatérale entre les deux pays et sécurité dans la région; Etienne Tshisekedi et Denis Sassou Nguesso étant naturellement des collègues ! L'Udps, à l'en croire, continue d'attendre le désistement de Kabila en faveur de Tshisekedi.
Le séjour de ce dernier à Brazzaville ayant été prévu la veille de la participation de Denis Sassou N'Guesso au sommet de la Sadc au Malawi en tant qu'invité spécial - une Sadc qui reconnaît en Joseph Kabila le Président élu de la RDC - on ne voit pas le « seigneur de Limete » se prêter facilement à tout jeu qu'il considère comme un piège !
Il n'est d'ailleurs pas exclu que le rejet instinctif qu'il éprouve à l'égard de Léon Kengo, qui cumule les « griefs » d'être à la fois co-président des Concertations nationales, concurrent à la primature dans le cadre de la 3ème voie (ni Cns, ni Conclave) en 1994, concurrent à la présidentielle du 28 novembre 2011 et, surtout, originaire du Nord du Congo (comme Sassou) l'ait super-motivé dans le deuxième faux bond, le premier s'étant produit en marge du sommet de la Ceeac en 2009 tenu à Kinshasa. Pour rappel, Tshisekedi avait refusé de rencontrer Denis Sassou N'Guesso au Grand Hôtel Kinshasa (territoire Rdcongolais), contraignant ce dernier à le faire plutôt à l'ambassade du Congo-Brazzaville (territoire étranger)...
Dans tous les cas, pour le déplacement manqué de samedi dernier, s'il y avait eu un décès dans la famille Tshisekedi, l'Udps l'aurait déclaré. S'il y avait une défaillance soudaine de la santé du lider maximo, l'Udps l'aurait signalé. Ou s'il y avait un empêchement de sortie de la part les forces de l'ordre, l'Udps aurait embouché la trompette pour alerter le monde entier.
Tentative d'autodétermination...
En attendant la clarification, c'est le groupe parlementaire Udps - qui en a appelé à la suspension de la convocation des CN pour se décider en fonction du tête-à-tête Sassou-Tshisekedi - qui est bien embarrassé !
Mais, dans l'Opposition qui se radicalise, le parti le plus embarrassé est l'Unc de Vital Kamerhe. Dans la sa déclaration du 14 août 2013 en réaction aux propos tenus par le porte-parole du gouvernement Lambert Mende, l'Unc signale le périple euro-africain de son président et relève qu'à l'étape d'Addis-Abeba, Vital Kamerhe est « en train de solliciter l’implication de l’Union Africaine en sa qualité de signataire de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour la mise en place par cette instance d’un comité de suivi en vue de concrétiser l’esprit et la lettre dudit Accord pour ramener la paix durable dans la région ». Il ajoute dans le paragraphe suivant que son président « s’emploie à rencontrer les différents Chefs d’Etat signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, suivant leur disponibilité, pour leur soumettre son projet de coopération régionale pour la mise en commun de nos moyens afin de mettre fin à la guerre et à assurer le développement pour le bien-être de nos populations respectives. A problème africain, solution africaine ! ».
L'ajout « A problème africain, solution africaine » signifie concrètement que l'Unc renonce aux bons offices confiés, dans la Résolution 2098, au Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies ! Pour être davantage clair, Vital Kamerhe - qui ne jurait plus que par la médiation de l'Envoyée spéciale pour les Grands Lacs Mary Robinson et Martin Klobert - réalise à ses dépens qu'il n'est suivi dans sa revendication d'inscrire parmi les points à l'ordre du jour du Dialogue politique la problématique de la légitimité des institutions issues des élections du 28 novembre 2011 ! On ne voit d'ailleurs pas comment des chefs d'Etat africains accepteraient une médiation qu'ils savent piégée par avance !
En définitive, à l'instar de « Kapwepwe », une Opposition obstinée prépare ses propres funérailles, car au terme des Concertations nationales, on ne voit pas comment ses députés, siégeant actuellement à l'Assemblée nationale, pourraient continuer de brandir la légitimité de leurs propres mandats pendant que la chambre basse n'a aucune légitimité, selon leurs leaders de présidents !
Certains groupes parlementaires, voire partis politiques, pourraient « s'autodéterminer » par rapport à des chefs ne détenant aucun mandat du souverain primaire, et surtout n'exerçant aucune fonction dans les institutions de la République.
Suivez mon regard...
Omer Nsongo die Lema
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