Dieudonne Nzabi Mangili
Chers Amis et Collègues,
Avant de découvrir la déclaration ci-jointe, je
vous invite à parcourir notre réflexion assez profonde qui
peut valoir pour la modification de la politique de
conservation des forêts dans la province de l’Equateur. Une
large diffusion de ce message aidera tant soit peu au
soulagement des conditions de vie et d’existence devenues
très compliquées pour les communautés forestières à
travers la province de l’Equateur.
Cette déclaration de la société civile
environnementale
de la province de l’Equateur apparaît comme un
cri
d’alarme lancé pour réveiller l’attention de
la
communauté tant locale, nationale
qu’internationale sur
la problématique de la conservation à travers les
forêts
de la province de l’Equateur dont 70% de la
superficie
sont forestières.
Le Commandant de cette barque
est la
communauté internationale qui finance des
organisations de
renommée internationale à l’instar de WWF, AWF,
WCS,
Lola ya Bonobo…
Par solidarité internationale
contre les
changements climatiques, la RDC a pris des
engagements pour
participer à cet effort de régulation du climat
mondial en
décidant d’augmenter l’espace de
conservation/protection des forêts et de la
biodiversité
à hauteur de 15 à 18% de sa superficie.
Mais
hélas,
c’est la province de l’Equateur, province la
plus pauvre
qui en
paie les frais.
Et personne n’en parle,
tant au niveau
national qu’international.
C’est comme si la
forêt et
les animaux sont plus importants que l’homme
forestier
équatorien qui en dépendent tous deux depuis des
temps
anciens, et en dépend encore totalement
aujourd’hui.
Avec les crises successives que connaît la RDC toute entière, les Equatoriens, dans leur majorité absolue, n’ont de vie que grâce à cette forêt qu’ils ont protégée à leur manière (connaissances endogènes) pendant des siècles : l’agriculture, la chasse, la pêche, les plantes médicinales, les rites traditionnels…
Le développement ou la modernisation étant encore bien lointains, la situation socio économique n’ayant pas évolué comme ailleurs dans ce sens, le fait de priver cet espace de vie à ces communautés mis face aux parcs ou réserves, pour lesquels ils n’ont pas été consultés, et n’ont pas consenti librement , au préalable, ne peut être considéré comme un acte criminel ?
Des populations vivent dans des villages superposés autour du Parc national de la Salonga (territoire de Monkoto) ;
les « délocalisés » de Lomako vivent dans la précarité dans des camps de fortune à travers le territoire de Befale ;
la tricherie par rapport à la superficie négociée avec les communautés locales (4785 kilomètres carrés en lieu et place de 785) au niveau de Kokolofori (territoire de Djolu) ;
les tensions s’annoncent déjà dans le territoire de Lukolela avec cet incident qui a provoqué cette Déclaration de la Société Civile de la province de l’Equateur où l'ICCN empêche l’éveil des Communautés locales par rapport à leurs droits et intérêts prévus par la loi forestière congolaise dans la parcelle d’une autorité locale régulièrement établie.
Demain, ce sera peut-être le tour des habitants des forêts de la Ngiri, devenues Réserve par Arrêté Ministériel, que les communautés locales ne connaissent pas encore et seront mises devant un fait accompli.
C’est le résultat des longs et coûteux travaux de recherche des organisations internationales citées ci-haut.
L’on craint que toute la province forestière de l’Equateur devienne, après-demain, entièrement une réserve forestière au bénéfice de l’humanité entière mais au détriment des communautés locales dont les Peuples Autochtones, très vulnérabilisés aujourd’hui par l’exploitation commerciale de ces forêts dont ils dépendaient et dépendent encore totalement.
Les conséquences de cette attitude qui viole même la loi forestière nationale dans le cadre de la consultation au préalable des populations forestières sont nombreuses et néfastes, notamment :
- augmentation du taux des malnutris aux alentours des Aires protégées, une honte pour une province jadis grenier de Kinshasa;
- l'exode rural conduisant à la formation d’une classe sociale marginalisée dans les villes d’accueil (nzela ya moto à Mbandaka=porteurs des bagages sur la tête, vendeurs à la sauvette, la plupart des « charretiers » habitant le quartier Pakajuma à Kinshasa proviennent de ces coins dont les forêts sont classées…)
- l'attitude soldatesque de l’ICCN et de ses éco gardes à l’encontre des populations riveraines des forêts classées qui donne l’impression d’un Etat dans un Etat ; violations manifestes des droits humains sans être inquiétés ; même ceux protégés par les normes internationales.
Nous avons encore en mémoire l’insurrection des Enyele suite à un simple conflit des étangs poissonneux entre deux villages voisins, et aussi la sortie des forêts des kitawalistes nudistes qui campent jusqu’à ce jour devant le bureau du Territoire de Bokungu dont les revendications sont banalisées parce qu’ils sont nus.
Le Congo nous appartenant à nous tous avec ses ressources naturelles, tous ses habitants doivent profiter de ces richesses pleinement et équitablement.
La brutalité ou l’imposition et l’arbitraire ne résoudront pas ce traumatisme auquel est déjà plongée cette population abandonnée à elle-même.
La conservation pour la conservation ne marchera pas, il faudra la politique de conservation pour le développement local.
Sachez que dans les zones où la conservation des forêts est effective à travers la province de l’Equateur toutes les infrastructures sociales de base y sont délabrées :
- les routes y sont inexistantes : ce sont des radeaux du 18e siècle qui évacuent les productions des populations à la place des bateaux courriers d’il y a 20 ans environs,
- les centres de santé sont rares et moins fournis en médicaments, communication très difficile…
Ces zones semblent être moins intéressantes pour les appuis du développement communautaire, elles sont très enclavées et moins accessibles ou simplement « oubliées » même par l’administration publique.
En fait, personne de la Société Civile à l’Equateur n’est contre la conservation.
Ce que l’on réclame c’est seulement la prise en compte des droits et intérêts des communautés qui y vivent. La politique de conservation doit définir clairement les règles de jeu des services environnementaux rendus à l’humanité entière de ces forêts bien sûr appartenant à l’Etat mais jalousement gardées par ces populations depuis très longtemps.
Il y a des pays à travers le monde qui ne vivent que grâce aux activités touristiques.
Là, les populations sont impliquées dans la logique de classement de leurs espaces de vie habituels et vivent dans ces zones classées sans confrontation avec les conservateurs ou en conflit avec la nature.
Qui peut nous dire combien d’hôtels ou d’infrastructures d’accueil des touristes ont déjà été générés par la Conservation à Monkoto (Parc Salonga), à Befale (Lomako), à Bongandanga (Lomako), à Djolu (Kokolofori), à Basankusu (Lomako), à Lukolela (Tumba-Ledima)?
Combien de kilomètres de routes aménagés?
Combien de bateaux utilisent les rivières qui donnent accès à ces sites ?
Rien que des promesses, des promesses toujours…
La conservation sans développement socio économique et culturel des populations riveraines n’a aucun sens sinon c’est la frustration, les tensions, les conflits fonciers et la mort à petit feu de tous ces habitants qui ont le droit de vivre et d'être rémunérés avec dignité.
Le Gouvernement congolais doit s’assumer pour cette mort à petit feu de ses populations forestières en poussant ses partenaires de la conservation forestière à modifier leurs approches sur le terrain car, c’est grâce à ces populations que ces forêts ont existées avant cette conservation brutale et qu’on peut qualifier d’ « antihumaine » aujourd’hui.
Dieudonné NZABI MANGILI
PCG ONG NODRI
PCA NSCC/Equateur
PF Coalition pour le Plaidoyer au Congo/Equateur (CPC).
Rapporteur Adjoint du Cadre de Concertation de la Société Civile RDC.
+243 815144413
+243 858126653
+243 973164096
nzabiclat@yahoo.fr
Voici la déclaration :
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