22/09/2014
La déclaration des Evêques catholiques de la RDC proclamant leur opposition à la révision constitutionnelle avec promesse de battre campagne contre cette révision vaut une déclaration de guerre pour l’autorité du pays première intéressée par la dite révision
Rien de nouveau sous le soleil. Celui qui disait que l’histoire de la Rd s’écrivait sous forme d’un drame répétitive, n’avait pas tort. Le criminel revient toujours sur le lieu du crime. L’arme du crime, c’est le mensonge, la manipulation, la désinformation, bref, « l’opiumisation » du peuple. L’Eglise, le colonisateur et les pions locaux, une vraie association des malfaiteurs. Aujourd’hui, la trilogie Eglise-Néocolonialiste Suppôts locaux se reconstitution pour devenir une force réactionnaire permanente.
Ce dernier ayant parlé au nom de l’institution Sénat dans le but de donner l’impression au monde entier que le refus « de la révision constitutionnelle » opposerait même les rangs du pouvoir. Kengo ayant mis son manteau de chef d’institution. La déclaration des évêques en un intervalle bien calculé, venait renforcer cette image de chaos. Les évêques ayant embouché leur trompette de prophètes.
Qui cela peut-il étonner? Le combat des évêques, essentiellement « ngalaphones », on le connaît. Puisqu’il faut parler franc, on sait que celui qui a utilisé l’étiquette de président de la commission épiscopale justice et paix, et qui a péroré des contrevérités sur Rfi, n’est autre que le cousin germain de JP Bemba. Il n’y a pas longtemps, au nom de l’Eglise, le cardinal Etsou, dans son lit d’hôpital en Belgique, déclarait, pince-sans-rire, que c’est JP Bemba qui avait remporté les élections de 2006. Cette déclaration, légère et irresponsable, n’a jamais fait scandale dans les milieux des donneurs de leçon de « vérité et d’honnêteté ». Le gouvernement n’aurait pas été vigilant, le pays aurait basculé dans la violence.
Il avait suffi que devant des évidences, JP Bemba reconnaisse sa défaite et décide de mener « une opposition forte et républicaine », pour que l’Eglise catholique, à la suite de l’archevêque de Kinshasa, cesse momentanément les hostilités verbales. Sans doute que, JP Bemba, pour avoir retiré à l’Eglise catholique le prétexte d’en découdre avec Joseph Kabila, s’est fait tirer les oreilles. La suite on la connaît, les hommes de JP Bemba ont attaqué la garde républicaine et provoqué ce qu’on a appelé non sans raison, la guerre de Kinshasa. Trois jours d’affrontements en pleine ville. Des dizaines de morts et des disparus. L’Eglise n’a jamais condamné cela. Bien au contraire, elle a mal digéré en silence cette défaite. Car, en fait, les hommes de JP Bemba auraient pris la ville de Kinshasa, le pouvoir allait basculer au grand bonheur de cette Eglise. Quelles sont les dispositions verrouillées de la Constitution qui dictaient tel comportement soutenu silencieusement par l’Eglise catholique?
En 2011, un autre évêque, comme par hasard, archevêque de Kinshasa, également de l’espace « ngalaphone », est monté au créneau pour dire au monde entier que l’on « aurait volé la victoire de Tshisekedi ». Sa source, un mail d’un agent de la Monusco, sans autorité. Encore une fois, à la suite de cette déclaration, le gouvernement n’aurait pas été sur ses gardes, le pays entier allait flamber.
L’Eglise n’a jamais « prophétiquement » dénoncé ce comportement suicidaire. Par contre, silencieusement, l’Eglise catholique de Kinshasa a soutenu Etienne Tshisekedi qui s’est autoproclamé « président de la République ». De même, cette Eglise applaudissait en silence lorsque Tshisekedi demandait aux soldats et policiers non seulement de ne plus obéir à leur commandement, mais aussi et surtout d’arrêter le Chef de l’Etat et de l’amener à la présidence de la République de Limete bras et pieds liés.
Pour l’Eglise, c’était là une façon de respecter la Constitution et de préserver la paix dans le pays. Et pour cette raison, il n’était pas question que l’Eglise se mette debout pour jouer son rôle prophétique. De qui se moque-t-on? Les analystes avertis ne sont pas trompés par cette hargne, cette haine viscérale enveloppée sous la trompeuse étiquette de « prophétie ». Certains milieux ngalaphones, ceux du clergé en particulier, n’ont jamais compris que Mobutu quitté le pouvoir et surtout qu’il en soit chassé de la manière que l’on sait.
Et depuis ce temps, ce combat a été de chasser du pouvoir des « usurpateurs ». Car, en fait pour ces milieux ngalaphones, le pouvoir, mieux la présidence de la République, est une chasse gardée de leur espace culturel. Quiconque, comme Mzée Kabfla et Joseph Kabila aujourd’hui, exerce le pouvoir, est un usurpateur. C’est quelqu’un qui mange le pain des ngalaphones. C’est la raison principale du maquis de JP Bemba et de la lutte sans espoir de Honoré Ngbanda. Il fallait reprendre le pouvoir. C’est la raison du soutien de ce dernier par les milieux ecclésiaux.
Chien qui aboie
L’Eglise catholique, dans sa branche facilement identifiable, ne parle jamais de politique, du pouvoir en place, sans prononcer des menaces. Pour certains, c’est un signe de courage. Ce n’est pas vrai. C’est plutôt un signe de faiblesse. C’est une tentative couarde d’impressionner -comme l’a souligné avec justice, le ministre des Médias, Lambert Mende - les esprits faibles. Puisqu’on n’est pas à la première exhibition de l’Eglise, on peut lui rappeler certaines vérités. La première vérité, c’est que l’Eglise catholique n’a aucun moyen politique de sa haine politique.
Car, en fait, lorsqu’elle parle ou écrit, en dehors de l’expression de ses appartenances politico-religieuses, elle ne donne aucune référence à la parole de Dieu, la seule qui peut mobiliser les chrétiens. La deuxième vérité, c’est que cette Eglise vit dans les illusions d’un pays où il y aurait une distinction nette entre les convictions politiques et la foi chrétienne. Cette Eglise s’enferme dans une fausse assurance que tous les catholiques abandonneraient leurs convictions politiques pour s’aligner sur celles des Evêques. La troisième vérité, c’est que dans ce pays, on a connu un candidat de l’Eglise catholique à la présidence de la République, le Docteur Anatole Matusila.
On sait ce qu’il a eu comme voix: 0,012%. Si les catholiques n’avaient pas voté pour le candidat leur présenté par l’Eglise et dont le nom était cité dans toutes les Eglises, on ne sait pas ce qui a changé pour que demain, ils s’alignent derrière les fatwas de la Cenco pour mettre le feu au pays. On sait également que depuis 2006, l’Eglise a soutenu les candidats de l’opposition. Cela ne les a pas empêché tous de boire du noir au point de croire aujourd’hui que leur planche de salut électoral, c’est le départ de Joseph Kabila.
On entend dire que les évêques ont le droit d’intervenir dans la politique de leur pays. D’accord, mais à condition qu’ils acceptent de subir comme tout le monde le contrecoup de leur participation politique. Sinon ce serait malhonnête de penser que les évêques peuvent agir comme tout le monde et qu’ils bénéficient d’une certaine immunité lorsqu’il faut subir le retour de la manivelle.
Les évêques n’ont aucun monopole d’appel à la violence. Ils doivent s’attendre que demain d’autres Eglises et d’autres associations montent sur la scène. Puisque rien ne pourra mettre tout le monde d’accord, le referendum et les élections étant considérés par l’Eglise catholique comme peu recommandable, il faut laisser le plus fort l’emporter. Si c’est à paix à la catholique, félicitation !
La Colombe
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