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jeudi 19 mars 2015

« La Fabrique des barbouzes » : Brazzaville contre Lumumba

Par Jean-Pierre Bat
Le Monde.fr 
17/03/2015

En amont du colloque Foccart qui réunit les 26 et 27 mars à Paris, les spécialistes de cet homme de l’ombre et le gotha des archivistes et historiens d’Afrique francophone, « Le Monde Afrique » propose une série autour de cet événement. Durant toute la semaine seront publiés des articles autour de Jacques Foccart et de la question des archives, donc de la mémoire en Afrique francophone. Pour inaugurer cette série, « Le Monde Afrique » publie en exclusivité les bonnes feuilles du livre La Fabrique des barbouzes, histoire des réseaux Foccart en Afrique (Nouveau Monde Editions, à paraître le 19 mars). 

Voici le quatrième extrait :

Complots à Brazza (août 1960)


L'abbé Fulbert Youlou 
entouré du ministre de la culture français Andre Malraux (gauche) 
et du colonel Daboval durant la cérémonie de 
l'indépendance du Congo, le 15 août 1960. Crédits AFP

Officiellement, le mois d’août est celui de l’indépendance pour le Congo-Brazzaville. André Malraux [ministre de la culture français] représente le général de Gaulle aux cérémonies du 15 août 1960. Jacques Foccart est représenté par son conseiller technique, Alain Plantey. Pourtant, derrière les couleurs et les bruits de la fête, une autre pièce se joue en coulisse, bien moins protocolaire : à Brazzaville, les complots en direction de l’ancien Congo belge se multiplient. Avec l’arrivée de Jean Mauricheau-Beaupré, missus dominicus de Foccart en personne, le dossier semble largement entre les mains des « barbouzes » qui s’efforcent de naviguer au mieux des intérêts défendus à Brazzaville dans les méandres de la guerre froide. 


André Lahaye, commissaire de la Sûreté belge, et le lieutenant-colonel Louis Marlière, officier belge conseiller du colonel Mobutu, jouent un rôle actif dans les complots anti-Lumumba de part et d’autre du Pool, au mois d’août 1960. Ces hommes sont en contact à Brazzaville avec Charles Delarue et Anthoine Hazoume [conseiller et directeur de cabinet de Youlou, et agent du Sdece]. Une rencontre entre Lahaye et Delarue est attestée dès le 8 août 1960. « Monsieur Charles » et Anthoine Hazoume développent, devant l’agent de la Sûreté belge, leurs thèses pour la lutte anticommuniste au Congo-Léopoldville. Pour eux, Joseph Kasavubu ne peut plus incarner le principal courant d’opposition à Lumumba, car, quoique président de la République, il est politiquement trop faible face à son premier ministre. 


Delarue considère le facteur ethnique comme le barrage le plus efficace à Lumumba. Le rapport de Lahaye, rédigé le 9 août 1960 au lendemain de son entretien avec « Monsieur Charles », est sans équivoque : « La seule solution, selon Delarue, est de faire jouer actuellement les particularismes ethniques avec les risques que cela comporte de façon à isoler Lumumba dans son fief de Stan. Avec tous les états qui se sont constitués ainsi, il convient de bâtir une très large fédération (…). Delarue déclare ne pas mener une politique française, mais pro-occidentale, pro-européenne. J’ai eu encore contact avec Hazoume qui m’a fait part de la confiance dans le résultat final, c’est-à-dire l’éviction de Lumumba. » 

Dans cette logique, Delarue mise sur le succès d’une sécession Bakongo à la suite de celle de Moïse Tshombé au Katanga. Elle doit trouver en écho celle de Kalondji dans le Sud-Kasaï et celle de Bolikango dans la province de l’Equateur. En effet, depuis le mois de mai 1960 et les rencontres autour de l’Union fédérale d’Afrique centrale (Ufac), « Monsieur Charles » travaille à rallier Kalondji à cette cause. 

Dans la zone Bakongo, Delarue, maître en la matière, décide d’agir en s’appuyant sur plusieurs mouvements de jeunesse – notamment celui de l’Abako – et des organisations syndicales. Quant à Bolikango, c’est par l’intermédiaire d’Opangault que Brazzaville établit des contacts. La politique d’ingérence de Youlou à partir de l’été 1960 consiste à assurer la création d’entités territoriales autonomes, dans le cadre d’un Congo fédéraliste. 

Le 8 août 1960, parallèlement aux entretiens de Delarue et Lahaye, une délégation katangaise arrive à Brazzaville et y séjourne l’essentiel du mois. Des accords d’alliance sont sans doute établis entre les Etats sécessionnistes du Sud-Kasaï et du Katanga, sous le patronnage de Brazzaville. 

La délégation katangaise quitte Brazzaville le 20 août, avec les délégués de l’Abako, du Puna de Bolikango, et de la fraction kalondjiste. Déjà se dessine le projet d’alliances sécessionnistes et de confédération congolaise comme axe d’unité anti-Lumumba. L’idée d’une alliance modérée regroupant Tshombé, Kalondji, Iléo, Mobutu, Bomboko et Kasavubu est plus que jamais à l’ordre du jour. L’autorité de l’abbé Fulbert Youlou tend alors à supplanter celle de Joseph Kasavubu, au point que certains voient même la main de Youlou dans le raidissement de Kasavubu à l’égard de son premier ministre Lumumba au début de septembre 1960.

Mauricheau et Moïse Tshombé, en novembre 1961 
Crédits : Archives personnelles / JP Bat 

Dans un style aussi diplomatique qu’euphémique, Yvon Bourges [haut-commissaire en Afrique équatoriale française] conclut dans ses synthèses politiques : « Brazzaville a offert aux adversaires du régime Lumumba une base fort commode avec l’assentiment du président Youlou et l’aide de son entourage politique. (...) Youlou est un des chefs de la résistance à Lumumba et au communisme et tend sur le plan moral à supplanter Kasavubu accusé de mollesse. (...) Il y a dans son attitude, autour d’un peu de réalité, une part de rêve et une part de jeu. »

« Monsieur Charles », quant à lui, suit personnellement et avec une très grande attention les moindres évolutions de la politique au Congo-Léopoldville. C’est ainsi que le 25 août 1960, il franchit en toute discrétion le fleuve pour aller s’informer par lui-même sur la conférence panafricaine de Léopoldville. Dans sa mission, il trouve le concours de membres de l’Abako et de Fulbert Locko [à la tête du Budes, le service de renseignement créé par « Monsieur Charles » pour l’abbé Youlou].

A suivre ...

Jean-Pierre Bat est historien (agrégé et docteur en histoire de l’université Paris I Panthéon Sorbonne) et archiviste-paléographe (Ecole nationale des chartes). Membre de l’Institut des mondes africains (CNRS), il est également chargé d’études aux Archives nationales, en charge du « Fonds Foccart ». 

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