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dimanche 22 mars 2015

« La Fabrique des barbouzes » : l’abbé Youlou et le Katanga

Le Monde Afrique 
20/03/2015
Par Jean-Pierre Bat

Photographie des chefs d'Etat à la conférence de Brazzaville, du 15 au 20 décembre 1960.
Crédits : Archives personnelles / JP Bat 

En amont du colloque Foccart qui réunit les 26 et 27 mars à Paris, les spécialistes de cet homme de l’ombre et le gotha des archivistes et historiens d’Afrique francophone, « Le Monde Afrique » propose une série autour de cet événement. Durant toute la semaine seront publiés des articles autour de Jacques Foccart et de la question des archives, donc de la mémoire en Afrique francophone.


Pour démarrer cette série, « Le Monde Afrique » publie en exclusivité les bonnes feuilles du livre La Fabrique des barbouzes, histoire des réseaux Foccart en Afrique (Nouveau Monde Editions, à paraître le 19 mars). Voici le sixième extrait :

L'abbé Youlou, en visite à Elisabethville en février 1961, avec Moïse Tshombé.
Crédits : Archives personnelles / JP Bat 

Depuis l’été 1960 et les complots brazzavillois du mois d’août, Fulbert Youlou s’intéresse très sérieusement au Katanga de Moïse Tshombé, au sein de la nébuleuse d’alliances qu’il noue au Congo ex-belge. 

L’abbé-président se fait l’intermédiaire entre le Katanga et les Etats africains francophones : dès le mois de septembre 1960, il aide la délégation katangaise, conduite par Salamangue (député national et président régional de la Conakat de Tshombé) à nouer des contacts auprès des chefs d’Etats RDA [Rassemblement démocratique africain, fondé par Félix Houphouët-Boigny]. 

Lire aussi : « La Fabrique des barbouzes » : Monsieur Charles, nouveau citoyen congolais... 

La première escale à Brazzaville – « aide essentielle » –permet de préparer les étapes à suivre du voyage : Libreville, Fort-Lamy [actuelle Ndjamena], Niamey, Ouagadougou, Abidjan (et même Monrovia). Au terme de ses escales africaines, la délégation débarque à Paris pour une mission politique officieuse. Un premier contact officieux est ainsi établi avec la France. 

Le RDA se forge une première opinion suffisamment précise sur le projet de Tshombé pour s’engager plus avant en sa faveur. Houphouët-Boigny approuve, soutient officieusement, mais laisse l’abbé assumer cette politique RDA en Afrique centrale. En novembre et décembre 1960, prônant la solution de la « famille africaine », Youlou joue le rôle de fer de lance de cette politique à la tribune de l’ONU comme à la conférence de Brazzaville. 

Youlou mise sur Tshombé et la sécession katangaise 
Le 2 février 1961, à Paris, le colonel Fredkens, N’Kay (ministre des finances du gouvernement Iléo) et le sénateur Bamba frappent à la porte de l’hôtel de Noirmoutier, siège du secrétariat général de Foccart. Le colonel se présente comme un ancien officier de l’armée israélienne, au service de Joseph Kasavubu, mais parle avec un fort accent belge. Il demande une audience avec Jacques Foccart, et avec lui seul. Le chargé de mission qui les accueille les oriente poliment vers le Quai d’Orsay, leur précisant que le Congo-Léopoldville n’est pas du ressort du secrétariat général. Fredkens affirme alors que Kasavubu et Youlou seraient sur le point de réaliser la fusion du pays Bacongo ; il serait porteur d’une lettre de l’abbé pour Foccart, mais ne peut pas la fournir, l’ayant laissée à son hôtel. Il ajoute que Kalondji et Tshombé sont sur le point de demander leur adhésion à la Communauté. 


Le chargé de mission renouvelant sa réponse qui résonne comme une fin de non-recevoir, se fait alors dire par Fredkens que si Foccart veut donner suite à ces propositions, il suffit de contacter le représentant du Congo-Brazzaville à Paris, Philippe Bikoumou. Lequel, précise le colonel, n’est pas encore au courant de cette affaire, et encore moins de la nature de leur mission ! Véritable démarche officieuse ou provocation ? 

Foccart, fort prudent, ne traite pas avec la mission du colonel Fredkens, derrière laquelle il devine d’autres intérêts que ceux de Brazzaville. Youlou, de son côté, joue sans doute une carte supplémentaire du côté de Kasavubu pour aboutir à une solution fédérale, sans toutefois tomber son atout majeur : Tshombé et la sécession katangaise. 

Mais au fond, Youlou ne tranche pas et ménage autant Léopoldville qu’Elisabethville, pour que soit trouvé, sous son égide, un compromis acceptable. Déjà, les tentations balkanisatrices, ou tout au moins fédérales, planent au-dessus des débats que veut organiser l’abbé Fulbert. 

Youlou à Elisabethville 
Le soutien complet de Brazzaville pour Elisabethville ne fait plus mystère avec la visite de l’abbé au Katanga au mois de février 1961. Youlou entend afficher publiquement son soutien à Tshombé, mais cette visite n’est pas sans poser des problèmes : ce voyage, quoiqu’il s’en dédise protocolairement, prend des allures de séjour officiel les 9, 10 et 11 février 1961. 

Les rues d’Elisabethville sont pavoisées de drapeaux katangais et congolais ; dans son discours, Youlou fait l’apologie de Tshombé, « chef audacieux, intelligent et digne de guider son peuple », tandis que ce dernier parle du président congolais comme du « plus ancien ami du Katanga indépendant ».  

Cartographie des sécessions congolaises du Katanga et du Kasaï. 

L’abbé aurait même conservé initialement l’espoir de venir au Katanga avec un projet de convention économique. Ses conseillers lui auraient fait abandonner cette idée, car établir un accord économique avec le Katanga signifie reconnaître de facto l’existence officielle de cet Etat : or, cette reconnaissance diplomatique est prématurée, même pour le Congo-Brazzaville. 

A son retour à Brazzaville toutefois, les conséquences et la portée de son voyage sont analysées. Rencontrant Rossard le 14 février 1961, Youlou s’avoue préoccupé par la coïncidence de sa présence au Katanga et de l’annonce de la mort de Lumumba – comme si Tshombé avait profité de la présence de l’abbé au Katanga (à son insu ?) pour cette macabre déclaration. Le destin de Brazzaville et d’Elisabethville se lie définitivement après cette visite de février. 

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