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jeudi 19 mars 2015

« La Fabrique des barbouzes » : les horizons congolais du colonel Nasser

Par Jean-Pierre Bat
Le Monde.fr 
18/03/2015

Le président égyptien Gamal Abdel Nasser. Photographie datée des années 1950. 
Crédits AFP

En amont du colloque Foccart qui réunit les 26 et 27 mars à Paris les spécialistes de cet homme de l’ombre et le gotha des archivistes et historiens d’Afrique francophone, « Le Monde Afrique » propose une série autour de cet événement. Durant toute la semaine seront publiés des articles autour de Jacques Foccart et de la question des archives, donc de la mémoire en Afrique francophone. 

Cinquième extrait des bonnes feuilles de La Fabrique des barbouzes, histoire des réseaux Foccart en Afrique (Nouveau Monde Éditions, à paraître le 19 mars), publiées en exclusivité par « Le Monde Afrique ».  

Le président égyptien, Gamal Abdel Nasser, lors d'une séance de tir dans les années 1950. 
Crédits AFP

« Tard venue dans l’arène congolaise, la RAU [République arabe unie, nom de l’Egypte nassérienne] mène une grande activité dans le pays et soutient, par tous les moyens, Lumumba et ses partisans (…). L’action de la RAU au Congo apparaît enfin de façon incontestable et se découvre particulièrement importante. » Le mouvement n’a pas échappé au Sdece à Brazzaville, ainsi qu’en témoigne cet extrait de note de renseignement. 

Avec la fermeture des ambassades soviétique et tchécoslovaque, principaux nids d’espions de l’Est, c’est désormais le colonel Gamal Abdel Nasser qui se fait le relais de la politique anti-occidentale. Aux yeux de Paris, l’affaire est d’autant plus grave que Nasser est le principal soutien politique et militaire du FLN dans la guerre d’Algérie.

Par-delà Patrice Lumumba, les Egyptiens parient sur Antoine Gizenga [vice-premier ministre en 1960 et chef du gouvernement de la rébellion en 1961], retranché à Stanleyville [devenue Kisangani]. Ils poussent le premier ministre déchu à fuir Léopoldville [devenue Kinshasa], où il est placé en résidence surveillée, pour rejoindre Stanleyville. 

Le Caire, soutien et porte-voix de Lumumba 
Le Service technique de recherche (STR) du Sdece à Brazzaville met sur écoute l’ambassade égyptienne de Léopoldville, et très rapidement les transcriptions abondent entre les mains des barbouzes « Monsieur Maurice » et de « Monsieur Charles ». La nature de l’assistance égyptienne au gouvernement congolais est très variée. L’ambassadeur de la RAU à Léopoldville résume la mission égyptienne de manière fort claire : 

« Notre devoir est de donner à Lumumba l’occasion de bouger. [L’Égypte] travaille pour consolider la position de Lumumba afin qu’il puisse montrer ses exigences à n’importe quel moment. » 


L’action nassérienne est inscrite dans un calendrier très précis : à l’automne 1960 se tient la XVe session ordinaire de l’assemblée des Nations unies. Le Caire entend se faire le porte-voix de Lumumba à la tribune de l’ONU, au nom du groupe afro-asiatique. 

A cette même session, une attaque en règle est programmée par le groupe afro-asiatique contre la politique algérienne de la France, elle sera enrayée au mois de décembre avec le concours des alliés africains de la France, suivant les consignes de Félix Houphouët-Boigny. Parallèlement, l’ambassade de RAU à Léopoldville sert de relais principal entre Lumumba et la diplomatie soviétique dans le tiers-monde. 

« Donner aide morale et matérielle y compris armement » 
Les représentants égyptiens investissent pleinement le domaine de la diplomatie parallèle. Les conseillers égyptiens cherchent à intégrer le cercle le plus intime de l’entourage de Lumumba aux côtés des conseillers guinéens, tandis que des officiers viennent encadrer des éléments de l’armée nationale congolaise pour la fidéliser à Lumumba, et que les agents des services spéciaux égyptiens infiltrent le Congo sous différentes couvertures. L’ambassade joue même au besoin le rôle de bailleur de fonds pour Lumumba. 

Fin octobre, Lumumba fait une demande à l’ambassadeur de RAU en vue d’obtenir des cadres militaires et de l’armement. L’idée finale est la suivante : procéder à l’exfiltration de Lumumba sur Stanleyville et faire du fief gizengiste le nouveau bastion de lutte, appuyé par les forces anti-impérialistes. 


Dans son action, la RAU collabore avec le Ghana de Kwame N’Krumah, qui est également un grand adversaire de la politique française en Afrique comme en Algérie. Le rôle très actif de Welbecq, l’ambassadeur ghanéen à Léopoldville, est percé à jour par les services occidentaux. 

Au Congo ex-belge, l’affaire est officiellement dévoilée lorsque plusieurs documents sont saisis sur Lovelac Mensah, troisième secrétaire de l’ambassade du Ghana et agent de liaison entre Welbecq et Lumumba, alors qu’il allait rentrer au domicile de ce dernier. 

Au fil des jours, la situation se fait de plus en plus critique, comme en témoigne le télégramme égyptien du 17 novembre 1960 intercepté par Brazzaville : « Considérant situation grave pour Afro-Asiatiques ambassadeur RAU Léo propose plan suivant – Stop – Organiser front combattant unifié englobant nationaux et leaders province orientale Kivu Kasaï Léo – Stop – Donner aide morale et matérielle y compris armement – Stop – Autrement dit diviser Congo en front national et front colonialiste soit faire Congo deuxième Algérie – Stop – Pousser affaire jusqu’au bord d’une guerre mondiale – Stop – Ceci implique – Stop – 

Primo – Stop – Accord du Soudan pour utilisation son espace aérien et ses communications – Stop – 

Secundo – Stop – Intervention URSS et bloc communiste tout entier – Stop – 

Tertio – Stop – Intervention Etats africains indépendants Ghana Guinée Maroc – Stop – 

Quarto – Stop – Retrait de leurs forces de l’ONU et du Congo après remise armement au front combattant unifié – Stop – 

Quinto – Stop – Transfert Lumumba à Stanleyville – Stop – 

Ambassadeur demande autorisation envoyer attaché militaire en mission au Caire pour exposer situation – Full Stop. » 

Mais derrière le ton alarmiste de ce télégramme, les « barbouzes » ont une conception réaliste de la situation géopolitique et ils s’efforcent de lire entre les lignes. 

Trafics d’armes à travers les frontières soudanaises 
Dans le théâtre d’ombres qu’est devenu le Congo en pleine guerre froide, ils ont bien conscience que Nasser ne veut à aucun prix d’un embrasement général du conflit ; le Raïs en vient même à adopter des positions parfois contradictoires dans le dossier congolais. Ils décident de le prendre de vitesse et d’empêcher la constitution d’une « voie sacrée » africaine qui permettrait d’alimenter le fief de Gizenga : « Monsieur Charles », prenant connaissance de ce télégramme, décide d’agir en priorité sur le trafic d’armes égyptien. 

S’il est impossible d’agir au départ en RAU, ou à l’arrivée, dans le fief gizengiste de la province orientale, il reste toutefois une marge de manœuvre : les armes doivent transiter par le Soudan. C’est sur ce maillon que vont agir les « barbouzes » français pour porter un grave coup à l’assistance égyptienne. 

Le général soudanais Ibrahim Abboud est accueilli par 
le président égyptien Gamal Abdel Nasser au Palais de Koubbeh, le 23 juillet 1960. C
rédits AFP

Depuis 1959, le gouvernement général colonial français à Brazzaville a accordé sa protection à des mouvements nationalistes du Sud Soudan, chrétiens, en lutte contre le pouvoir de Khartoum. « Monsieur Charles » va rencontrer « Raphaël », son contact de l’organisation des exilés soudanais au Congo, pour discuter avec lui de la situation. 

De retour à son bureau, le policier adresse à un de ses correspondants à Khartoum un message à l’attention du gouvernement soudanais : 

« Avertissez autorités soudanaises d’interdire passage armes et autre matériel dirigé sur Congo ex-Belge – Stop – Le cas échéant nous armerons exilés soudanais pour leur permettre d’implanter des maquis dans leur pays – Full stop. » 


La menace est efficace et prise au sérieux : le trafic d’armes à travers les frontières soudanaises cesse à la suite de ce message. Brazzaville mène sa guerre couverte sur les frontières, autant sinon qu’au Congo ex-belge : à Léopoldville « Monsieur Charles » s’efforce, par le biais de son contact abakiste Philémon et avec l’aide des organisations abakistes qui battent le pavé, de maintenir l’option Joseph Kasavubu à côté de Mobutu. 

Contrairement aux idées reçues, les « barbouzes » ont tiré les leçons des guerres coloniales et de leur longue lutte anticommuniste : en adeptes de la guerre psychologique, ils savent que la guerre ne se gagne pas que sur le terrain, mais aussi sur la scène internationale. Et qui mieux que le très actif Youlou pour prendre la parole publiquement, comme médiateur de crise ? 

A suivre ...

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