Desc-Wondo
18/12/2015
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Discours de rupture : une diversion de trop pour
un président qui ne cesse de creuser sa tombe politique
Le président congolais, Joseph Kabila, a prononcé, le 14 décembre 2015, son discours sur l’état de la Nation devant les parlementaires réunis en Congrès (L’Assemblée nationale et le Sénat). Alors qu’on attendait de lui de clarifier l’opinion sur la normalisation du processus électoral devant aboutir à l’effectivité de l’alternance démocratique au pouvoir à l’échéance de son mandat, le 19 décembre 2016, le président congolais a sciemment esquivé les questions qui fâchent. Il s’est englué dans un discours incongru, lequel, au lieu de rassurer les Congolais et les partenaires de la RDC, le confine de plus en plus dans un isolement total et dans une sorte de guerre de tranchées ou rébellion contre la population et la communauté internationale. Il est à se demander si la pléthore de conseillers politiques qui pullulent dans sa cour à Kingakati ne l’induit pas sciemment à un suicide politique prématuré, au vu de la détermination de la population congolaise qui ne veut plus d’un troisième mandat de Kabila.
kabila-état de la nation
C’est un Kabila, encore et toujours distrait, distant des populations congolaises et déconnecté de la réalité sociopolitique du pays qu’il dirige depuis bientôt 15 ans qui a livré ce 14 décembre 2015 un message anachronique à la nation. Au lieu de répondre aux préoccupations auxquelles est confronté le pays, notamment du fait de déficit de gouvernance démocratique, économique et sécuritaire, le chef de l’Etat congolais a préféré une fuite en avant, se déchargeant de toute responsabilité dans la polarisation du climat politique délétère pour se projeter avec virulence vers la « communauté internationale » à laquelle il doit successivement en 2001, 2006 et 2011 l’accession et les maintiens frauduleux au pouvoir ! Plutôt que de rassurer une partie de ses interlocuteurs politiques sur les vraies finalités du dialogue, Kabila s’enlise dans une rhétorique soporifique d’un dialogue aux contours ainsi qu’aux tenants et aboutissants flous, embrouillant davantage les perspectives de son avenir politique. Pourtant ce qui lui est demandé et attendu par tous, c’est-à-dire organiser dans les délais les élections démocratiques – particulièrement présidentielle – transparentes et crédibles, fait partie de ses prérogatives constitutionnelles de garant de la bonne marche des institutions de la République. Pour ce faire, on n’a pas besoin d’un dialogue pour que Kabila s’attelle au travail que lui confie la Constitution, à moins d’une année de la fin de son mandat.
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