Voici 2 témoignages provoqués par la parution du livre "RD Congo, la République des inconscients" publiés ce 14 septembre sur Le Potentiel :
Sévère réquisitoire
Par Le Potentiel
Le réquisitoire du sénateur Modeste Mutinga, dans son ouvrage intitulé « RD Congo, la République des inconscients », pose une question fondamentale. « Ceux qui dirigent la RDC sont-ils des hommes d’Etat ou, tout simplement, des politiciens ? ».
« La démocratie a besoin d’hommes d’Etat. Un politicien rêve de la prochaine élection, mais un homme d’Etat rêve de la prochaine génération », a rappelé fort opportunément le professeur Lye Yoka, citant un leader français.
Au regard de graves accusations du fondateur du Groupe de presse Le Potentiel, on se rend à l’évidence que le non démarrage de la RDC incombe principalement à « l’inconscience de sa classe dirigeante ».
Mais, s’agit-il vraiment d’une inconscience collective ? Certains rétorquent qu’il s’agit plutôt d’une « conscience machiavélique consensuelle ».
« Ceux qui ont pris part au pillage éhonté et systématique du pays à la suite des deux dernières guerres, étalent des richesses immobilières à Kinshasa comme en provinces sans qu’aucun service du fisc ne les inquiète », accuse Mutinga.
Plus grave encore. « Les retombées issues du coltan et du diamant de sang expliquent la pérennisation de l’état de guerre à l’Est de la RDC, surtout que les véritables bénéficiaires se trouvent parmi les acteurs politiques et militaires au niveau central à Kinshasa », affirme-t-il.
En d’autres temps et circonstances, le président Joseph Kabila avait dénoncé « une maffia dont le cerveau se trouve à Kinshasa ».
Un cercle vicieux ? Bien sûr, à en croire le sénateur qui note que « les contrats léonins ne sont pas le fait des seules multinationales minières ». Pour lui, « les experts congolais, commis à la négociation et à la signature des contrats, tout comme les ministres en charge du secteur, sont complices du désarroi économique qui empêche le pays de démarrer ».
A l’instar des « loups (qui) ne se mangent pas », les dirigeants congolais ont imaginé de savants mécanismes de protection contre d’éventuelles poursuites judiciaires.
« Le système est plus compliqué. Aucun parlementaire ne peut, en cours de sessions, être poursuivi ou arrêté qu’avec l’autorisation de l’Assemblée nationale ou du Sénat selon le cas, sauf en cas de flagrant délit (art.107 al. 2). En dehors de session, l’autorisation est donnée par le bureau de l’Assemblée ou du Sénat (art 170 al. 3) », explique un juriste.
L’alinéa 2 de l’article 166 de la Constitution couvre par ailleurs les membres du gouvernement, du fait que « la décision de poursuites ainsi que (leur) mise en accusation sont votées à la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale suivant la procédure prévue par le règlement intérieur ».
« Toutes ces règles ressemblent à des verrouillages qui rendent certaines personnes +intouchables+ et les éloignent du principe de l’égalité des citoyens devant la loi. Tant que des parlementaires et ministres peuvent commettre des infractions et rester impunis, personne n’acceptera qu’il y a lutte contre l’impunité », stigmatise le même juriste.
« Parce que tous se sentent coupables », observent des analystes politiques.
Conscience de notre inconscience
Par Willy Kabwe
« RD Congo, la République des inconscients ». C’est le titre du nouvel ouvrage de Modeste Mutinga. Il a été porté sur les fonts baptismaux le week-end dernier par Léon ’’Baptiste’’. Un constat ? Une accusation ? Une déduction ? Une interpellation ? Ou une provocation ? Cette série d’interrogations va de soi. C’était le souhait de l’auteur, sénateur de son état mais aussi journaliste et écrivain à ses heures libres.
Le titre provoque des démangeaisons dans les caboches des Congolais. Pour le président du Sénat, le titre est à la fois provocateur et accusateur. Il estime que le contenu offre la mesure mais aussi la réflexion qui poussent à un débat de fond. Pour Modeste Mutinga, le choix de ce titre a été fait exprès. But : exprimer sa déception au vu du comportement irresponsable affiché par la plupart des décideurs congolais face aux défis majeurs qui se posent à la RDC depuis 1960.
Epousant son point de vue, les Profs. Mwayila Tshiyembe et Pierre Biyoya s’empressent de l’exprimer. L’un dans la préface, l’autre dans la postface. Le premier parle du courage et de la perspicacité de Mutinga. Le second note que l’auteur ne fait que relayer les préoccupations des Congolais sur le décollage toujours raté de leur pays.
Un « troisième larron » s’est improvisé dans la « danse », aussi volubile que prolifique dans cet exercice peu aisé qu’est la recension d’un ouvrage. Ecrivain, doublé de critique littéraire, le Prof. Yoka Lye a éventré les abyssines de « RD Congo, la République des inconscients » tout en faisant siennes les réflexions qui y sont développées.
Intrus et spécialiste es immixtion, mon voisin de gauche n’a pas mis sa langue en poche. Selon lui, Modeste Mutinga a mis le doigt dans la plaie. Il a remué la tare. Honni soit qui mal y pense. Il estime que la RDC s’enfonce dans l’abîme à force de cacher ses faiblesses, de sublimer ses insuffisances, même notoires.
Il réponde oui au questionnement de départ. Modeste Mutinga constate, déduit, provoque, interpelle et accuse. Il dit à haute voix ce que d’aucuns chuchotent dans des salons et bureaux climatisés ou dans des « nganda » et bistrots. Pourquoi ? Parce que, au regard de leurs positions politique, sociale et autres, ils ont peur du qu’en dira-t-on ? L’inconscience des Congolais est générale et généralisée. Personne ne saurait prétendre s’y dérober.
Loin d’être un cri de résignation, l’ouvrage fait prendre conscience de l’inconscience collective des Congolais.
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