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lundi 16 mai 2011

Babi Balukuna : «La justice congolaise va mal !»

Congo Indépendant
16/05/20111

Arrêté le mardi 3 mai dernier sans mandat d’arrêt ni de dépot, le Bruxellois Babi Balukuna a retrouvé la "liberté provisoire" le mercredi 11 mai. Son passeport ne lui pas encore été restitué par la police. On se demande bien la raison étant donné que le dossier judiciaire ouvert à sa charge est vide. Dans un entretien, jeudi 12 mai à Kinshasa, avec Cyprien Wetchi du site www.lesamisde wetchi.be - à ne pas confondre avec l’auteur de ces lignes -, «Babi» ne trouve pas des mots assez durs pour décrire les errements de l’appareil judiciaire au Congo démocratique.
«Je suis accusé d’être l’organisateur des actions menées par des membres de la diaspora congolaise contre les artistes-musiciens de passage en Belgique. Je suis accusé d’être contre le gouvernement congolais.» Deux semaines après l’interpellation de Babi Balukuna, on commence à savoir un peu plus sur les conditions de son «enlèvement» ce mardi 3 mai au Grand Hôtel Kinshasa (GHK).

Ce mardi 3 mai, le tristement célèbre colonel Kanyama Bilolo, alias «Esprit de mort», a téléphoné à Babi lui donnant rendez-vous au «GHK». Les deux hommes ont devisé durant plus de trois heures. De quoi ont-ils parlé? A en croire Balukuna, la conversation a porté essentiellement sur les activités des «Combattants», autrement dit les activistes socio-politiques de la diaspora congolaise d’Europe en général et de Belgique, France et Grande-Bretagne en particulier. Kanyama voulait obtenir une liste des noms. Et surtout connaître l’identité du «financier» des actions menées tant contre les artistes-musiciens que des personnalités politiques. On se trouve en pleine théorie du complot.

Face au refus de son interlocuteur de se muer en délateur, l’«Esprit de mort» décide d’embarquer le «récalcitrant». Destination : Camp Lufungula. Ce lieu est devenu tristement célèbre depuis le double assassinat du défenseur des droits humains Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana. «J’ai été embarqué pieds nus dans le véhicule de la police, raconte Balukuna. J’ai été humilié. Il y a manifestement une volonté d’humilier les Congolais de la diaspora.» Un détail pittoresque.

«MAP»
Arrivé au Camp Lufungula, Babi s’est vu refusé l’assistance d’un avocat lors de l’interrogatoire préliminaire : «Pourquoi n’aimez-vous pas le président de la République ?» «Pourquoi critiquez-vous le gouvernement?» «Que me reprochez-vous?». Voilà autant de questions soulevées par ce "flic" réputé dans les milieux estudiantins pour sa brutalité. Mercredi 4 mai, Babi est transféré à la prison centrale de Makala sur la base d’un «MAP» (Mandat d’arrêt provisoire) émis par un magistrat du parquet. Ce fameux document est devenu un alibi commode pour envoyer un justiciable au cachot en attendant que le magistrat instructeur échafaude les «charges» et les «preuves». «Mon dossier était vide», clame Babi. Cette vacuité n’a pas empêché de le magistrat du parquet de qualifier les «faits» : «outrage et agression des autorités à l’étranger».

Dans l’interview accordée à «Cyprien», Balukuna n’a pas perdu son franc-parler. Bien au contraire. Il a fustigé la misère sociale : «Si vous interrogez les passants, nombreux sont ceux qui vous diront qu’ils n’ont rien mangé depuis le matin.» A propos des «Cinq chantiers du chef de l’Etat», il s’exclame : «Le projet du gouvernement se limite-t-il aux infrastructures en négligeant le vécu quotidien de la population ?» Il ajoute : «Je n’ai insulté personne. Je ne fais que dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.»

Dans le parler kinois, «être mapé» signifie donc être privé de liberté sur base d’un mandat d’arrêt provisoire. C’est une grave menace qui plane non seulement sur les libertés individuelles mais surtout sur le principe sacro-saint de respect des droits de la défense. Face aux policiers et autres magistrats, les citoyens se retrouvent sans moyens de défense.

A la lumière de la mésaventure vécue par Babi et tant d’autres citoyens qui croupissent dans les cachots et prisons du pays, le plus grand enseignement à tirer est que la Constitution de la RD Congo promulguée en février 2006 n’est plus qu’une litanie de bonnes intentions. La loi fondamentale est quotidiennement foulée aux pieds par les agents publics dont la mission consiste justement à veiller au respect des lois et règlements. Que vaut aujourd’hui l’article 17-1 de cette même Constitution - lequel stipule que «la liberté individuelle est garantie. Elle est la règle, la détention l’exception» ? - lorsque les droits de la défense sont allègrement méconnus par les représentants du ministère public? Au nom de quel principe un citoyen doit-il être embastillé pour avoir critiqué son gouvernement ou le chef de l’Etat? La démocratie congolaise ne se limite-t-elle qu’à l’organisation des élections périodiques? Quid du respect de l’adversaire et du droit de l’opposition à critiquer l’action du gouvernement?

Une justice inféodée au pouvoir politique
Dans une enquête menée en avril 2007 sur l’état de la justice congolaise, Leandro Despouy, Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’indépendance des juges et des avocats, avait fait état dans ses conclusions de la «corruption généralisée», de «manque d’indépendance» et d’«impunité». La justice congolaise est malade de son inféodation au pouvoir politique en général et au président de la République en particulier. «Parmi les institutions de ce pays, écrivait cet expert onusien, la justice est le parent pauvre, c’est l’institution qui se trouve dans la situation plus préoccupante. D’abord c’est une justice qui ne compte pas les moyens nécessaires pour fonctionner, les magistrats ne sont pas payés ou très mal payés, il y a beaucoup d’endroits où il n’y a pas des tribunaux ou bien il y a des tribunaux qui n’ont pas des juges, ensuite il n’y a pas des moyens logistiques pour mener des enquêtes. Les conséquences de cet état des lieux sont une corruption généralisée, le manque d’indépendance, dont une justice vulnérable face aux autres pouvoirs de l’Etat, et l’impunité qui se traduit entre autres par le manque d’accès a la justice pour la population en générale. Après ce constat, on peut imaginer quelle est la situation des droits de l’homme.»

«Tout dire pour tout guérir», disait Emile Zola. Le Congo démocratique a besoin de plusieurs milliers de «Babi Balukuna». Non pas pour narguer les gouvernants mais pour les placer face à leurs resposabilités en attirant leur attention sur les dysfonctionnements qui affectent les trois pouvoirs de l’Etat. A Kinshasa, Babi a constaté que la «peur ambiante» empêche l’émergence d’un vrai débat sur les questions touchant à la vie collective. Les médias préfèrent pratiquer l’autocensure de peur de subir la foudre des puissants du moment...

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