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mercredi 15 janvier 2014

En Côte d’Ivoire, la culture illégale du cacao détruit le parc national du Mont-Péko

LE MONDE 
15.01.2014 
Par Maureen Grisot (Duékoué, Côte d'Ivoire, envoyée spéciale)

Récolte illégale de cacao par des paysans burkinabés, 
dans le parc national du Mont-Péko (Côte d’Ivoire), en janvier 2014. Maureen Grisot

REPORTAGE
Hamidou Ouedraogo n'a plus besoin de machette pour se frayer un passage dans le parc national du Mont-Péko, proche de la ville de Duékoué, dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire. Des arbres de plus de quarante mètres, ne restent que les carcasses calcinées. Tout a été nettoyé. « Le cacao n'aime pas les arbres, donc nous les avons brûlés », semble s'excuser le planteur burkinabé, qui assure avoir appris qu'il exploitait une terre protégée il y a seulement quelques mois. 

C'est la première fois qu'Hamidou voit une « Blanche » depuis qu'il s'est installé dans le parc. Pendant plus de dix ans, une bande armée a régné sur cette forêt, tirant sur tout étranger qui tentait d'y pénétrer. Amadé Ouérémi, leur chef, a non seulement vendu des milliers d'hectares à des paysans venus pour la plupart du Burkina Faso voisin, mais il se serait aussi enrichi dans divers trafics comme l'or, le bois ou l'ivoire. Un chaos rendu possible par la crise politico-militaire de 2002, quand la Côte d'Ivoire a été coupée en deux. Le Mont-Péko s'est alors retrouvé dans la « zone de confiance » : aucun homme armé ne pouvait y pénétrer, pas même les agents chargés de la protection du parc.

En mai 2013, Amadé Ouérémi est arrêté. Les autorités ivoiriennes peuvent alors pénétrer dans la zone et constater les dégâts. D'après un recensement mené par l'Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants (ADDR), 24 000 personnes se sont installées dans des campements disséminés sur ce parc de 28 000 hectares. 

« LA CORRUPTION BLOQUE TOUT » 
La moitié sont des enfants qui travaillent dans les plantations. Certains cultivent les champs de leurs parents, d'autres seraient des orphelins « récupérés » dans les rues du Burkina Faso, une main-d'œuvre quasiment réduite en esclavage. 

Le Mont-Péko est un scandale humain et écologique auquel Abidjan cherche officiellement à mettre fin. « L'ADDR nous a demandé de partir mais on a tellement investi ici… Où peut-on aller ?, s'inquiète Hamidou. Certains paysans ont trois femmes, six enfants… Même s'ils quittent les campements pour s'installer dans les villages à la périphérie, s'ils veulent survivre ils doivent continuer à cultiver le cacao dans le parc. » 

Cette situation révolte les villageois originaires de ce territoire. Quand le parc du Mont-Péko a été créé en 1968, ceux qui cultivaient des parcelles dans la zone devenue interdite ont été déplacés, parfois violemment. Sept mois après l'arrestation d'Amadé Ouérémi, ils s'indignent du manque de fermeté des autorités. Les agents de l'Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR) ont bien incendié quelques campements, mais les riverains assurent que les planteurs sont rapidement revenus. 

« Les Burkinabés sont en train de construire une route dans le parc pour mieux évacuer leur cacao. Ça s'arrêterait si on saisissait leur production, mais la corruption bloque tout », soupire Obin Goulia Ata. Ce fils de la région a fondé une ONG pour protéger le Mont-Péko, la Codeparc. Il rêve du jour où les planteurs auront déserté. « En 2002, on voyait encore des éléphants, des chimpanzés, se rappelle-t-il. C'est en créant des projets autour des animaux que les populations pourront gagner de l'argent autrement qu'en cultivant du cacao illégal. » 

70 % DU PARC DÉTRUITS 
Selon une étude mandatée en 2012 par l'OIPR, 70 % du parc ont été détruits depuis 2001 au profit de cultures pérennes, essentiellement du cacao. Ces plantations illégales représenteraient 1,4 % de la production annuelle de cacao du pays, premier producteur mondial en 2013. Ces récoltes frauduleuses alimentent un vaste réseau de corruption. Certes, les camions de cacao qui sortent du parc sont arrêtés aux barrages des gendarmes et des soldats, mais il s'agit d'un « péage », pas d'un contrôle. Le racket est institutionnalisé : à l'arrivée dans les coopératives des grandes villes, ces fèves seront noyées dans une production dont l'origine, elle, est en principe contrôlée. 

Le directeur de l'OIPR, le colonel Adama Tondossama, admet qu'il sera difficile de mettre fin à ce trafic lucratif : « Il nous faudra trois, quatre ans pour récupérer ces espaces. On va d'abord chercher à supprimer les plantations pour que le système de corruption s'écroule tout seul. Ensuite la forêt se régénérera naturellement, comme à Taï. » 

Ce parc inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco, bien plus vaste et mieux protégé que le Mont-Péko, a su reconstituer en grande partie des zones qui avaient été envahies sur sa périphérie. Aujourd'hui, des scientifiques du monde entier viennent y observer des chimpanzés. Une lueur d'espoir pour les riverains du Mont-Péko. 
Maureen Grisot (Duékoué, Côte d'Ivoire, envoyée spéciale) Journaliste au Monde

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