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lundi 21 avril 2014

Avec la disparition de Bomboko Lokumba : Groupe de Binza, le noyau s’éteint avec ses secrets

Par Bondo Nsama
Publié par Le Phare 
18 avril 2014

Groupe de pression, lobby ou « cabinet molili » (gouvernement parallèle) : il était tout cela à la fois, ce petit cercle d’amis connu sous l’appellation de « groupe de Binza », qui a fait la pluie et le beau temps dans les premières années qui ont suivi l’accession du Congo à l’indépendance. C’était un laboratoire de stratégies politiques pour orienter l’avenir du pays dans le sens des intérêts du groupe et principalement de celui qui en était le cerveau-moteur, c’est-à-dire feu le maréchal Mobutu. 

Ce dernier avait trouvé en la tenue de la Table Ronde de Bruxelles, qui s’était achevée par la fixation des étapes conduisant à la proclamation de l’indépendance de l’ex-colonie belge le 30 juin 1960, l’occasion de se placer dans le sens de l’histoire. Les circonstances lui avaient été favorables. Plusieurs jeunes Congolais se trouvaient alors aux études dans des universités et instituts supérieurs belges. Certains d’entre eux, dont Mobutu lui-même, qui effectuait son stage de journaliste à Inforcongo à Bruxelles, avaient été enrôlés comme conseillers dans quelques délégations de partis politiques présents à ces assises. 

Mobutu avait pu ainsi nouer avec les uns et les autres de fructueux contacts. Ceux-ci lui avaient permis d’une part de se faire connaître de leaders tels que Patrice-Emery Lumumba qui fera de lui son Secrétaire d’Etat à la Présidence, de l’autre, de se constituer déjà un réseau d’amitiés parmi la future élite intellectuelle, à laquelle d’ailleurs il fera appel en septembre 1960 par la mise en place du Collège des Commissaires généraux.

C’est à partir de ce réseau que, une fois rentré au pays et l’indépendance du Congo proclamée, Mobutu, déjà au service de la C.I.A., avait mis sur pied un noyau de réflexion dont les principaux ténors, actifs sur le champ politique, étaient Cyrille Adoula, Justin Marie Bomboko et Victor Nendaka. 

Le choix porté sur les membres de ce club fermé de réflexion ne tenait évidemment pas du hasard. Il reflétait de la part de Mobutu – déjà – une ambition à peine voilée de contrôler le jeu politique et les intérêts économiques du pays. Adoula (Premier ministre de 1961 à 1964) était un syndicaliste en vue, qui avait une connaissance approfondie du monde du travail. Bomboko (ministre des Affaires étrangères dans le Collège des Commissaires généraux après l’avoir été dans le gouvernement Lumumba), détenteur d’un titre académique parmi les rares Congolais à l’époque, était un diplomate de talent. Albert Ndele (gouverneur de la Banque Centrale du Congo), économiste de premier plan, veillait sur les finances de l’Etat. Victor Nendaka était déjà le chef redouté de la Sûreté nationale. Si redouté qu’on lui avait collé le surnom de « Oufkir » pour signifier la ressemblance de ses méthodes avec celles du tout puissant ministre marocain de l’Intérieur sous le règne de Hassan II. 

Mobutu et ses amis avaient, dès cette époque, la mainmise sur des secteurs-clé de la nation : la sécurité du territoire (Nendaka), la diplomatie (Bomboko), l’économie et les finances (Ndele), l’emploi (Adoula) et l’armée, que Mobutu, chef d’état-major, tenait entre ses mains. 

Le lieu de rencontres et de réunions de cette confrérie était généralement la résidence de Victor Nendaka à Binza-Pigeon (d’où le nom de « groupe de Binza ») et quelquefois chez Justin Marie Bomboko à Ma Campagne. 

A travers cette organisation agissant efficacement dans l’ombre, Mobutu détenait déjà en fait les leviers essentiels de la gouvernance du pays. En pleine guerre froide et sur ordre de la C.I.A., le « groupe de Binza » avait, en deux temps, réussi à se créer un champ libre pour prendre les commandes du pays. D’abord en expédiant Lumumba, taxé de communiste par les Occidentaux, à Lubumbashi où il allait être assassiné. Ensuite en faisant les yeux doux à Kasa-Vubu tout en préparant sa chute qui allait intervenir le 24 novembre 1965. 

MOBUTU « L’HOMME SEUL » 
La notion que Mobutu avait du pouvoir était celle d’un pouvoir exclusif, sans partage. Et ce, indépendamment du fait que, par calcul, il se soit appuyé sur des amis ou des collègues pour parvenir à ses fins. Lecteur assidu de la biographie d’hommes illustres qui ont marqué l’histoire du monde, au premier rang desquels Machiavel, Mobutu avait toujours pris soin, dans un premier temps, de manœuvrer dans un esprit d’équipe. Puis, une fois son ambition accomplie, de se débarrasser et d’éloigner petit à petit de son entourage ses camarades d’hier. Sans cependant les oublier totalement, puisqu’il les aidait indirectement à ne pas tomber dans la misère. 

Dans l’entendement de Mobutu, l’exercice du pouvoir au sommet de l’Etat n’allait pas de pair avec l’idée d’un triumvirat ou de toute autre forme de collégialité. 

En 1965, il formait à la tête de l’Exécutif un duo avec le colonel Léonard Mulamba, lequel jouissait par ailleurs d’un grand prestige au sein de l’armée. Ce dernier n’avait gouverné que pendant un an (de novembre 1965 à octobre 1966) avant d’être relégué dans l’anonymat. 

Quant aux autres co-auteurs du coup d’Etat de 1965, personne n’a été autorisé à se croire ou à agir comme l’égal de Mobutu. Tandis que chacun de ses vieux amis du « groupe de Binza » a connu ses moments de disgrâce pour diverses raisons, certains allant même jusqu’à connaître la prison. 

DERNIERE RENCONTRE A KAWELE 
Après la disparition précoce de Cyrille Adoula et le départ en exil d’Albert Ndele pour fuir la colère de Mobutu, il n’était resté que Victor Nendaka et Justin Marie Bomboko pour entretenir le souvenir du « groupe de Binza », lequel avait totalement perdu de son utilité auprès de Mobutu. 

L’avènement de la démocratie à la suite du discours présidentiel du 24 novembre 1990 a élargi davantage le fossé qui s’était physiquement créé entre feu le Maréchal et ses deux vieux amis. Il leur était devenu impossible de joindre directement Mobutu comme par le passé, surtout lorsque ce dernier s’était retranché dans ses domaines de Gbado-Lite et de Kawele. 

Dans ces conditions, ils n’avaient de chance de rencontrer Mobutu qu’en recourant aux services d’intermédiaires qui avaient alors l’accès facile auprès du Président. C’est notamment le rôle que mon ami Tshimbombo Mukuna et moi avions eu à jouer en leur faveur. 

Dans le cas de Victor Nendaka, c’est Tshimbombo, Conseiller politique du chef de l’Etat, que ce dernier avait sollicité pour lui obtenir un rendez-vous avec Mobutu. C’est alors que Tshimbombo m’avait prié de me joindre à lui pour qu’ensemble nous conduisions le vieux « Oufkir » auprès du Président. 

Après avoir obtenu au téléphone l’accord de Mobutu, nous avions volé nuitamment, nous trois, à bord d’un appareil de la compagnie d’aviation dont Tshimbombo était propriétaire, de Kinshasa à Gbado. A plusieurs reprises durant le vol, papa Nendaka, inquiet, n’avait cessé de nous demander si réellement le Président allait accepter de le recevoir. Nous faisions tout pour le rassurer à ce sujet. 

Le lendemain de notre arrivée à Gbado, nous nous étions rendus par route à Kawele. Le Président avait reçu son vieil ami d’abord à déjeuner la journée, puis le soir à dîner au cours duquel ils étaient restés seuls de 21h à 02h du matin. 

Il va de soi que pendant tout le temps qu’avait duré leur tête-à-tête, ils avaient dû se dire beaucoup de choses. Mais, lorsque dans l’avion du retour à Kinshasa j’avais, en tant que journaliste, essayé de tirer les vers du nez de papa Nendaka sur le contenu de ses entretiens avec Mobutu, il s’était refusé à satisfaire ma curiosité, se contentant de m’indiquer qu’ils avaient parlé de tout depuis le début de leur amitié. 

En ce qui concerne Bomboko, c’est le même scénario qui s’était répété. J’avais soupçonné papa Nendaka de le lui avoir suggéré. A son tour, il avait contacté Tshimbombo pour que ce dernier l’amène auprès du Président. Tshimbombo m’avait de nouveau approché pour me demander de m’associer à lui pour entreprendre ensemble la démarche auprès de Mobutu. Nous avions sollicité au téléphone l’avis préalable du Maréchal et, une fois acquis son consentement, nous avions également volé la nuit jusqu’à Gbado et, de là, nous avions emprunté la route le lendemain pour Kawele où le Président et son hôte avaient dîné ensemble et poursuivi leur conversation jusque 03h du matin. 

Comme je l’avais fait avec papa Nendaka en avion durant le trajet retour, j’avais essayé de faire parler le patriarche Bomboko sur ses échanges avec le Président, mais il était resté muet. 

Quelque temps après, mon instinct de journaliste m’avait obligé, à ce sujet, de me tourner vers le Président lui-même. Seul, cette fois-là, je m’étais rendu à Kawele et j’avais interrogé le Maréchal sur le contenu de ses longs entretiens avec respectivement Nendaka et Bomboko. 

Tout ce que le Président avait pu me dire, c’est qu’ils avaient passé en revue leur passé commun. Avant de regretter la disparition de Bokana W’Ondangela qui, avait-il précisé, avait été chargé de conserver ses archives personnelles portant sur l’histoire du Congo allant de la guerre froide Est-Ouest avant les indépendances africaines jusqu’à la période post-perestroïka. 

Aujourd’hui, force est de constater que du noyau dur du « groupe de Binza », il ne reste plus personne en vie. Mobutu a été le premier à quitter ce monde. Papa Nendaka a suivi et, maintenant, c’est le tour du patriarche Bomboko. 

Nendaka et Bomboko n’avaient pas voulu me confier quoi que ce soit sur l’histoire du Congo que l’un et l’autre avaient longuement évoquée avec Mobutu en 1996. Mobutu lui-même m’avait fait comprendre à demi-mot que j’aurais pu en savoir beaucoup à travers ses archives … à jamais perdues avec la disparition tragique de Bokana qui en avait été le gardien. Ils s’en sont allés l’un après l’autre, en emportant tous leurs secrets. 

Dès lors, à moins que d’autres que moi, Congolais ou étrangers, aient eu la chance de recueillir de ces trois figures marquantes du « groupe de Binza » des confidences que je n’avais pas pu leur arracher, je crains fort que la vraie histoire du Congo indépendant en cette période de la guerre froide ne soit probablement jamais connue. Dommage ! 

Bondo Nsama

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