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mardi 24 mai 2011

Le docteur qui répare les femmes brisées par le viol

Le Soir
24/05/2011
Denis Mukwege fait des miracles à l'hôpital de Panzi, au Congo. Il aide les victimes de la violence sexuelle. La Fondation Roi Baudouin honore son combat.

Entretien
Vous arrivez à Bruxelles pour recevoir le prix de la Fondation Roi Baudouin pour le Développement. Quelle situation avez-vous laissé à Bukavu ?
Par rapport aux années de guerre, il y a eu migration du problème : naguère la violence se maintenait dans les zones de combat, aujourd'hui elle est pratiquée par ceux qui ont pour tâche de protéger la population. Voici deux jours encore, l'accès à l'hôpital de Panzi, où je travaille, était bloqué par des étudiants qui brûlaient des pneus pour protester contre l'insécurité. Tous les jours, il y a des viols, des tueries. Le mixage des groupes armés ou la démobilisation des combattants ont été réalisés sans que soient détraumatisés tous ces jeunes qui, durant trop longtemps, ont été habitués à tuer, à violer.
Dans la forêt, il y a encore des groupes de rebelles hutus et la semaine dernière, ils ont emmené 17 personnes comme esclaves physiques et sexuelles.



Comment arrivez-vous à secourir les femmes qui se trouvent en brousse ?
Des femmes qui se trouvent à Shabunda devraient parcourir 300 km ... Malades, affaiblies, elles ne peuvent se déplacer. C'est pourquoi nous avons créé des équipes mobiles, où se retrouvent médecin, chirurgien, psychologue, assistante sociale ou infirmière. Après un premier examen, ces équipes donnent les premiers soins et emmènent à Bukavu les cas les plus graves.
Ce qui me désespère, ce sont les récidives. Comme le cas d'une femme qui, après avoir été soignée à l'hôpital, avait bénéficié d'un micro crédit. Après avoir redémarré sur le plan économique, voici deux semaines, elle et sa fille ont été violées une nouvelle fois, en pleine ville.

Que font les Casques bleus de la Monusco (Mission des Nations unies au Congo) ?
Autant je ne suis pas prêt à demander leur départ, autant je crois que la sécurité ne pourra être établie que par une véritable armée, composée de soldats jeunes et bien formés. Des hommes nouveaux, et non d'anciens rebelles recyclés. La réforme de l'armée a été un gâchis, il faut repartir à zéro. Au nom de la paix, de la réconciliation, on a refusé d'opérer un tri parmi les combattants. L'impunité a été le prix de la paix, les femmes ont été les victimes de ces choix, et la paix n'est pas là... C'est en 1999, lors de la deuxième guerre du Congo que j'ai commencé à observer ce phénomène de destruction des femmes. Aujourd'hui ? cette violence s'est répandue dans toute la société.

Comment êtes-vous arrivé à l'hôpital de Panzi ?
Après des études de médecine générale j'ai soutenu une thèse en pédiatrie puis à Angers une spécialisation en gynécologie. Au retour j'ai créé une école d'accoucheuses. En 1996, je travaillais à Lemera, lorsque la guerre a commencé, j'y ai perdu des malades, du personnel soignant. A Bukavu par la suite, j'ai créé une petite maternité dispensant des soins obstétriques. En 1997, les Rwandais ont tout pillé et j'ai rouvert un an plus tard. J'ai alors découvert qu'il ne s'agissait pas de cas de césariennes : beaucoup de femmes, après avoir été violées, avaient reçu des coups de feu dans les parties génitales. Dès la première année, 45 cas se sont présentés. En 2000, Human Rights Watch a publié sa première enquête, assurant que la guerre se menait désormais sur le corps des femmes. Par la suite, cette présomption s'est vérifiée, chaque groupe armé avait sa propre stratégie de terreur : d'après les lésions présentées par les femmes, des brûlures au niveau de l'appareil génital, des blessures par balles, on pouvait savoir d'où elles venaient, qui les avait attaquées. Je me suis alors rendu à Addis Abeba, où se trouve un hôpital spécialisé dans la réparation des fistules; je me suis formé puis j'ai fait venir à Bukavu des spécialistes éthiopiens. Avec des équipes américaines, nous avons appris à reconstruire la vessie détruite, nous avons travaillé avec des urologues ...
Il s'agit là d'opérations très difficiles car en cas d'échec, lorsque les tissus ne sont plus vascularisés, la femme peut se retrouver handicapée à vie ... Il y a maintenant à Panzi une équipe de quatre ou cinq médecins capables d'opérer les cas de fistules...

Qui vous aide sur le terrain ?
Grâce au soutien d'Echo, l'aide humanitaire européenne, nous soignon de 3000 à 3600 femmes chaque année en prenant en charge le transport, les soins, la nourriture.
 Bien souvent, avant d'opérer, il faut traiter l'état général, car ces femmes sont sous-alimentées et doivent aussi être aidées sur le plan psychologique. Lorsqu'elles restent dans cet état où elles perdent les urines, les matières fécales, où personne ne veut s'approcher d'elles, elles se sentent "hors caste".
Il y a aussi 5% des femmes qui, malgré toutes les réparations, ne guériront pas ...
En outre, bien souvent l'entourage croit que ces femmes violées sont désormais porteuses du Sida, ce qui n'est le cas que pour 5 à 7% d'entre elles ... Lorsqu'une femme est violée, c'est toute la communauté qui est traumatisée. Parfois, des communautés acceptent de réintégrer la femme, mais refusent d'accepter l'enfant issu du viol, et appelé "l'enfant du serpent", le "fils du péché" ... Parfois, des hommes acceptent d'épouser la femme, mais refusent de prendre l'enfant qui l'accompagne ... Nos équipes de médiation doivent montrer que la femme n'a pas commis de faute, qu'elle est une victime. Demander l'abandon de l'enfant, c'est infliger à la mère un traumatisme supplémentaire.
Le suivi psychologique est important : lorsqu'une femme a été violée en public, devant son mari et ses enfants, elle a le sentiment qu'elle n'est plus la femme qu'elle était. Un chef de village, dont la femme a été violée en public, ne se sentira plus à même, par la suite, d'exercer ses fonctons; son autorité aura desparu. A la perte d'identité personnelle, pour un mari, un père de famille, s'ajoute la déstructuration sociale. Il arrive que des hommes fuient, prennent des destinations inconnues, honteux d'avoir été incapables de protéger, regrettant de ne pas s'être donné la mort ...

Des équipes de thérapeutes ont-elles été mises en place ?
Notre pays n'était pas préparé à cela ... Or il y a des milliers d'enfants qui n'ont aucune filiation, ils ont été abandonnés par leur mère et ne savent rien de leur père. C'est une génération perdue, qui a besoin d'une prise en charge psychologique de longue durée. Ces enfants-là sont une vraie bombe à retardement ... Les autorités congolaises n'ont pas encore mesuré l'ampleur du problème, ce sont des chercheurs américains qui nous disent que chaque jour, 1.100 femmes sont violées dans la province ...

Lauréat du Prix Roi Baudouin, qu'attendez-vous de la Belgique ?
Aux Etats-Unis les gens ont compris et l'opinion se mobilise. Il faut qu'en Belgique aussi, les citoyens fassent savoir aux politiques que ce qui se passe est inacceptable, intolérable. Ne nous voilons pas la face : la protection des femmes, c'est aussi une question militaire. Je suis certain qu'une intervention militaire des Belges, permettrait de résoudre en grande partie le problème. Le droit international prévoit la protection des civils. Pourqoui ce droit est-il valable pour les Libyens, et pas pour les populations du Kivu ?

Propos recueillis par Colette Braeckman

Denis Mukwege,  né en 1955, est un gynécologue congolais reconnu pour son action humanitaire en République Démocratique du Congo, où il dirige l'hôpital Panzi à Bukavu.

En 2008, il a reçu le prix Olof Palme (Suède) et le pris des Droits de l'Homme des Nations Unies.

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