19/11/2011
Group, ICG, cette organisation internationale chargée de prévention des confits en Afrique dont le siège se trouve à Nairobi, vient de publier simultanément à Nairobi et à Bruxelles un rapport intéressant. IL s'agit du «Rapport Afrique n°182. SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS».
Rapport qui a trait à la lutte contre l'Armée de résistance du Seigneur, LRA, toujours active en Ouganda, RDC, RCA et Sud-Soudan, nonobstant toutes les initiatives militaires levées à ce sujet. La dernière est celle de Washington d'envoyer des militaires dans la région. Pour ICG, cette initiative est vouée d'avance à l'échec.
Si l'ICG ne le dit pas clairement, c'est tout simplement parce que la LRA constitue aujourd'hui un «fonds de commerce» pour certains Etats africains, pour ne pas dire certain chefs d'Etat africains. La LRA est même devenue un objet de chantage que l'on brandit chaque fois pour demeurer au pouvoir et obliger quelques dirigeants africains à fermer les yeux devant les pillages systématiques des ressources dans cette région de l' Afrique des Grands Lacs.
Malgré les recommandations faites par l'ICG, on ne viendra à bout de la LRA que si celle-ci cessait d'être un fonds de commerce. Cela exige de la volonté politique. Pas seulement de la part de l'Union africaine, des chefs d'Etat africains, mais des «faiseurs de guerre et de paix», ceux-là même qui financent l'ONU. Réfléchir autrement, c'est être complice de la LRA. Le Potentiel
L'analyse de l' ICG. L'Armée de résistance du Seigneur (LRA) est toujours une menace mortelle pour les populations civiles dans trois Etats d'Afrique centrale. Après la rupture en 2008 du cessez-le-feu et des négociations pour le règlement pacifique de cette insurrection vieille d'une génération, l'armée ougandaise a lancé un premier assaut qui s'est soldé par un échec. Depuis trois ans, des opérations en demi-teinte ont échoué à empêcher ce groupe armé, numériquement insignifiant mais atrocement efficace, de tuer plus de 2 400 civils, d'enlever plus de 3 400 individus et de contraindre environ 440 000 personnes à la fuite.
En 2010, le président ougandais Yoweri Museveni a retiré environ la moitié de ses forces mobilisées afin de poursuivre des objectifs politiquement plus rentables. La méfiance congolaise entrave les opérations en cours, tandis qu'une initiative de l'Union africaine (UA) avance au ralenti. Pour vaincre la LRA, une action militaire vigoureuse et une diplomatie volontariste sont nécessaires. L'Ouganda doit tirer parti du nouvel, et peut-être bref, engagement américain en reprenant l'offensive militaire ; Washington doit inciter les dirigeants des pays de la région à coopérer et surtout, l'UA doit assumer ses responsabilités de garante de la sécurité continentale. Dès qu'elle le fera, l'Ouganda et les Etats-Unis devront placer leurs efforts dans le cadre de son initiative.
La tentative de l'armée ougandaise en décembre 2008 d'écraser la LRA en détruisant ses camps dans le Nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) a très mal tourné. Son dirigeant, Joseph Kony, s'est échappé et a organisé des représailles pendant les mois suivants qui ont fait des centaines de morts parmi les civils. L'opération Lightning Thunder, soutenue par les Etats-Unis, est devenue une campagne d'usure, l'armée ougandaise pourchassant de petits groupes de combattants dispersés et très mobiles dans la dense forêt. Cette offensive l'a menée au Sud-Soudan et en République centrafricaine (RCA) et elle a enregistré quelques succès. Mais l'opération s'est essoufflée au milieu de l'année 2010, permettant à la LRA de continuer à piller des villages, à enlever des centaines de personnes et à enrôler de nouvelles recrues dans la zone des trois frontières. Comme le Conseil de sécurité des Nations unies l'a déclaré le 14 novembre, cette situation doit impérativement cesser.
Les raisons de l'échec de l'opération militaire sont politiques. Museveni a revu à la baisse l'opération originale pour poursuivre d'autres objectifs censés accroitre son capital politique national et international. Depuis que la LRA ne constitue plus une menace pour l'Ouganda, la pression des membres de l'opposition ou des dirigeants de communautés pour exiger sa neutralisation a cessé. Les efforts des forces pourchassant les combattants de la LRA en RDC ont été entravés par le refus de l'armée congolaise de coopérer et d'accorder l'accès aux zones affectées par la guérilla. L'Ouganda a envahi la RDC à la fin des années 1990, pillé ses ressources naturelles et suscité la méfiance durable du président Joseph Kabila.
Alors que les élections prévues fin 2011 se rapprochent, l'armée congolaise a demandé le retrait des militaires ougandais et, en attendant la décision officielle, leur a interdit de quitter leur campement. La plupart des commandants supérieurs et combattants de la LRA sont en RCA mais pourraient à tout moment revenir en RDC et trouver un refuge sûr du fait de la liberté de mouvement réduite de l'armée ougandaise. Le président de la RCA, François Bozizé ne fait pas confiance à cette dernière, jalouse son soutien américain et lui a ordonné de se retirer des zones diamantifères. Il pourrait entraver davantage l'opération en cours s'il estime que son armée ne reçoit pas suffisamment de contreparties pour sa collaboration.
Il n'y a pas de perspective réaliste d'une fin négociée du problème de la LRA, étant donné l'échec des négociations de Juba et de l'absence d'intérêt de Museveni et de Kony à relancer le dialogue après plus de trois années de combats. Au lieu de cela, l'UA sous la pression de certains Etats membres et des Etats-Unis, a annoncé fin 2010 qu'elle avait l'intention d'autoriser une mission énergique contre la LRA et de coordonner les efforts régionaux. Toutefois, elle s'est heurtée à l'incapacité de concilier les différences avec et entre les principaux Etats membres et les donateurs.
L'Ouganda et les trois pays directement concernés espéraient que cette initiative entrainerait un financement occidental supplémentaire pour leurs armées, mais sont peu intéressés par une supervision politique de l'UA ou des programmes civils. Les Etats-Unis souhaitent que l'Union européenne (UE), principal donateur de l'UA, partage son fardeau. Cependant, l'UE préfère que l'UA endosse un rôle politique et n'est pas disposée à financer les armées africaines engagées. L'Ouganda est réticent à concéder une part de sa liberté militaire et politique à l'UA.
Frustrés par le manque d'efficacité de l'opération Lightning Thunder, les Etats-Unis ont annoncé le 14 octobre 2011 le déploiement d'une centaine de militaires pour assister l'armée ougandaise -- la majorité à Kampala, le reste pour conseiller sur le terrain. Cette action participe d'une intensification de leur engagement politique et militaire contre la LRA. Ils ont également proposé de former plus de combattants congolais et ont fourni de l'équipement à l'armée centrafricaine afin d'obtenir un assentiment politique pour cette nouvelle opération. Les quelques conseillers sur le terrain devraient accroitre les performances de l'armée ougandaise. Toutefois, à un an des élections, l'administration Obama reste prudente quand il s'agit de déclencher une autre intervention militaire à l'étranger. Ce déploiement, cela a été clairement dit, sera de court terme.
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