Agé de 72 ans, l’artiste musicien Rochereau Tabu Ley, patron de l’Afrisa International, compositeur de plus de 2000 chansons réunis dans plus de 250 disques a été élevé au rang de dignitaire de la République au cours d’une cérémonie le mardi 14 novembre à la Chancellerie des ordres nationaux.
Cela n’arrive pas tous les jours de voir un artiste honoré de son vivant au pays de Lumumba. Tabu Ley Rochereau est le tout premier musicien à être honoré à sa juste valeur pour sa contribution à l’émergence de la musique congolaise. A cet effet, il a été élevé au rang de dignitaire de la République par le chancelier des Ordres nationaux. La cérémonie a été organisée le 13 novembre au siège de la chancellerie à Kinshasa, dans la commune de la Gombe. Deux médailles en or lui ont été décernées, à savoir l’une pour le mérite civique et l’autre pour le mérite des Arts, Sciences et Lettres.
Cet événement a coïncidé avec l’anniversaire de cet icône de la musique congolaise qui est né un certain 13 novembre 1940 à Bagata, province du Bandundu. Organisée sur instruction du Président de la République, cette cérémoniale a connu la présence de plusieurs personnalités tant politico-administratives que culturelles ainsi que des membres de la famille biologique de Seigneur Rochereau Tabu Ley. André Kimbuta, Gouverneur de la ville Province de Kinshasa, Banza Mukalayi, Ministre de la Culture et des Arts; Jeunesse et Sports, Kimbembe Mazunga, Conseilleur du Président de la république en charge des Infrastructures, Zacharie Bababaswe, Député national, ont rehaussé de leur présence ledit événement.
A l’instar des autorités politiques, les artistes musiciens, toutes générations confondues, étaient également de la partie pour soutenir leur collègue admis dans l’ordre des dignitaires de la République. On cite le Poète Lutumba Simaro, Jeannot Bombenga, Me Liyolo, Jacques Mondonga, Blaise Bula, Manda Chante, Bozi Boziana... tous se sont retrouvés aux côtés des enfants Tabu Isabelle, Peguy, Patou et Mélodie...
La cérémonie est considérée comme un devoir de mémoire pour rendre un hommage mérité à un artiste qui a su hisser très haut l’étendard de la musique congolaise dans le concert des nations. Dernier survivant de sa génération, Pascal Emanuel Tabu a été honoré en sa juste valeur lors cette cérémonie somptueuse animée par la fanfare républicaine. On retiendra que deux discours ont été prononcés successivement à cette occasion solennelle, donnant la quintessence à la cérémonie à l’honneur d’un digne artiste qui a sacrifié toute sa vie pour l’émergence de la musique congolaise.
D’abord, le mot de circonstance par le Chancelier des Ordres nationaux et Général de Brigade, Shilungu Nembesu Jacques qui a rappelé à l’assistance la bonne volonté du Président de la République pour honorer ce monument vivant. Et cela est suite à un passé riche en œuvres musicales qui sont pour la RD Congo un motif d’une fierté légitime. D’autant plus que ses compositions sont de richesses qui s’ajoutent dans le patrimoine national, a-t-il renchéri.
Le secrétaire général à la Chancellerie a pris la parole pour prononcer le mot de sacrement. Notons que cette cérémoniale s’inscrit dans le cadre du projet « Honore Ley » lancé le 13 novembre dernier qui consiste à placer Seigneur Ley sur la vitrine culturelle congolaise. L’autre objectif consiste également à immortaliser un très grand artiste, qui a fait la fierté de tout un continent durant cinq décennies. Les jeunes et les générations futures auront ainsi l’opportunité de se souvenir de celui qui demeure à jamais le seigneur de la musique congolaise.
A tout Seigneur, tout honneur !
« Honore Ley » est une série de manifestations honorifiques sous différentes formes organisées afin de mieux faire très Rochereau au public et à mieux lui faire pénétrer le personnage de Pascal Tabu Ley. A Kinshasa et à Brazzaville, plusieurs activités sont programmées du 13 novembre 2012 au 30 mars 2013. Il sera organisé une grande exposition photo qui va retracer le parcours et le temps fort de l’artiste, de 1959 à 2009.
Comme ses collègues Kabasele Tshamala et Luambo Makiadi ont des avenues portant leurs noms à Kinshasa, les autorités urbaines ont ainsi jugé opportun que l’avenue Tombalebaye à Gombe soit débaptisé Tabu Ley. A cet effet, une grande cérémonie officielle est prévue dans les prochains jours. Devenu un patrimoine national, Tabu Ley n’appartient plus à sa famille biologique. Aussi ses enfants ont-ils décidé de remettre aux Musées nationaux des biens et effets divers de leur père, notamment ses vêtements de scène.
Sur le plan scientifique, Tabu Ley n’est pas seulement cet artiste qui peint la société congolaise au quotidien au travers ces oeuvres musicales. Il est aussi ce messager qui décrit les maux et fléaux qui rongent notre pays. Rochereau est aussi ce griot qui vante les valeurs intrinsèques de l’identité congolaise et ce moralisateur qui prêche la bonne parole En effet, pour mieux appréhender tous les contours de la pose poétique, les organisateurs de l’évènement « Honore Ley » vont organiser des conférences qui vont faire découvrir la partie invisible de l’icône Tabu Ley. Pour ce faire, deux livres seront publiés, l’un sous la forme des témoignages, dans lequel ceux qui l’ont vu grandir et qui l’ont côtoyé vont raconter la vie cachée du jeune diplômé de Saint Raphaël qui a tronqué sa machine è écrire contre le micro.
L’autre face de cet ouvrage biographique répondra à deux grandes questions du public, à savoir : Comment et pourquoi l’artiste est-il parti en exil forcé plus d’une fois, et a fini sa carrière dans la politique. Par ailleurs, le deuxième volume du livre va se pencher plutôt sur une étude approfondie de son oeuvre musicale et sa pertinence vocale. Tellement riche en image et en métaphore heureuse, son texte est important qu’il soit analysé pour goûter toute la saveur. D’aucuns n’ignorent sa puissance thématique qui donne un caractère particulier à ses compositions et son style Fiesta dans la rumba congolaise moderne.
Premier musicien à introduire la batterie et la poésie et le romantisme dans la musique congolaise, Tabu Ley compte à son actif plus de 2000 chansons, plus de 250 disques et plus de 500 productions en Afrique, en Europe, en Amérique et Asie. Il est aussi le premier artiste africain noir avec son groupe Afrisa International à affronter la mythique salle parisienne, Olympia en 1972. Auteur de la célèbre chanson « Keliya », Pascal Rochereau a connu une carrière fructueuse et glorieuse à travers le monde entier. Pour cette commémoration, les organisateurs de « Honore Ley » envisagent de mettre à la disposition du public un coffret anthologique de 10 CD en guise de souvenir. Cette aubade comprendra une série de chansons, The best of Ley.
Jordache Diala/La Prospérité
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